Chaque édition du salon Paris Photo met au jour des pépites de la photographie historique et contemporaine. Cette année la foire ouvre un nouveau secteur dédié au digital, avec une sélection de galeries et de plateformes présentant des artistes qui travaillent différemment le médium photographique en liant art et nouvelles technologies (IA, algorithmes, applications, réalité augmentée, blockchain, NFT). La prochaine édition de Paris Photo aura lieu du 9 au 12 novembre 2023 au Grand Palais Éphémère à Paris.
1. Photo générative
« Ces artistes et photographes remettent en question les limites de la photographie, travaillant avec les derniers outils d’intelligence artificielle ou transformant la photographie en une œuvre sculpturale, par exemple. C’est aussi une question de matérialité. Certaines œuvres peuvent être physiques (tirages, installations…), d’autres purement digitales (œuvres sur écran) ou tout ce qui se situe entre les deux », déclare la commissaire du secteur digital Nina Roehrs.
Kevin Abosch, Still Life, 2023, Impression sur aluminium derrière un verre acrylique, dimensions variables, Édition 1 de 3 © Kevin Abosch and Galerie Nagel Draxler, Berlin/ Cologne/ Munich.
Ainsi Kevin Abosch dans sa série Still Life génère-t-il des images grâce à un modèle d’intelligence artificielle formé à partir de photographies d’appareils photo et d’autres machines prises par l’artiste (22 500 € pour les tirages à la galerie Nagel Draxler).
Damjanski, Unhuman compositions, 2022, mode d’emploi © the artist and Office Impart
Damjanski met au point une application qui permet de prendre une photo sur son smartphone, de la convertir en un arrangement géométrique de couleurs vives sur fond noir et de générer un NFT sur la plateforme Opensea (0,1 ETH, environ 150 €).
Damjanski, Nightswimming, 40 x 40 cm, impression acrylique, 2023 © the artist and Office Impart
L’ensemble forme une collection de 777 NFTs de photographie générative participative, Unhuman Composition, et une série de sculptures et d’impressions sous acrylique (entre 4200 et 8200 € chez Office Impart). Entre immatériel et matériel, laCollection met en vente un NFT et des tirages photographiques sur papyrus de Justin Aversano.
2. Un espace de résistance
Autre tendance forte, les photographes iraniennes. Après avoir mis en lumière la poésie et l’engagement de trois générations de femmes photographes iraniennes dans son livre « Espace vital » (éditions Textuel), la galeriste de Téhéran Anahita Ghabaian Etehadieh expose deux d’entre elles sur le stand de sa galerie Silk Road à Paris Photo: Shadi Ghadirian, qui dénonce l’assignation des femmes à la sphère domestique (entre 8000 et 12500 €), et Malekeh Nayiny qui redonne vie à un album de famille en insérant des motifs colorés sur les vêtements et en inventant des décors improbables (5800 €).
Malekeh Nayiny, Updating the Family Album, 1998, No20, impression numérique, 100 x 120 cm, Edition 3/5 © the artist and Silk Road gallery
Parallèlement le festival Photaumnales expose la féministe Ghazaleh Hedayat et la jeune Nooshin Shafiee, actuellement en résidence à la Cité internationale à Paris. « De nombreux travaux personnels peuvent être aussi politiques. C’est une tendance de la photographie documentaire aujourd’hui, en particulier chez les jeunes et les femmes photographes », note Anna Planas, directrice artistique de Paris Photo et commissaire de la section émergente Curiosa, qui met en avant les images de Hoda Afshar où des femmes enlèvent leur voile et se tressent les cheveux, geste intime et de défi par lequel elles risquent leur vie (série In Turn, 8500 à 12500 €, galerie Milani). « Dans nos ventes, on trouve quelquefois des photographies de l’artiste plasticienne Shirin Neshat, entre 10 et 30 000 € », ajoute Elodie Morel-Bazin, spécialiste photographie de la maison de ventes Christie’s.
Hoda Afshar, Untitled #4 (from In Turn series),Impression pigmentaire d’archivage, 165 x 132 cm, Milani Gallery © Hoda Afshar – Milani Gallery
3. Paysage italien
On notera une présence très importante de la photographie italienne cette année à Paris Photo avec des pièces historiques de Nino Migliori (12 000 à 65 000 € à la galerie M77) et les classiques du paysage italien Luigi Ghirri, Franco Guerzoni et Guido Guidi (de 5000 à 12 000 € à la galerie Large Glass). « Ce type d’images a été beaucoup collectionné dans les années 80-90 et se vend aujourd’hui aux enchères entre 5000 et 15000 € en moyenne.
Massimo Vitali, Cabo Frio Sorvetes #1691, 2003, épreuve chromogène montée sur aluminium, montage Diasec, signée, titrée, datée et numérotée « 5/6 » à l’encre, 180,3 x 219 x 5 cm., numéro cinq d’une édition de six. Vendu par Christie’s online 20 160 $ le 13 avril 2023. © Massimo Vitali
Aujourd’hui, on observe un autre phénomène : celui de se tourner vers ce qui nous est le plus proche. La photo couleur italienne se démarque un peu, et notamment les séries de plages aux couleurs un peu passées de Massimo Vitali » (autour de 8500 € en moyenne en 2023 selon la base de données Artprice), observe Elodie Morel-Bazin.
Paris Photo 2023
Grand Palais éphémère, Paris
du 9 au 12 novembre
et
Festival « Les Photaumnales »
« Corner, five perspectives on images from Iran »
Espace Henri Matisse 60100 Creil
jusqu’au 22 décembre 2023
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