Plainte pour harcèlement moral, départs en série et réorganisation
contestée dans le breaking. Malgré de bons résultats à 10 mois des Jeux olympiques de Paris 2024, la fédération française de danse est en plein tumulte en raison d’une gestion humaine jugée brutale par d’anciens collaborateurs, selon des informations recueillies par l’AFP.
Samedi 23 et dimanche 24 septembre, les breakers français vont tenter de décrocher les dernières places qualificatives pour les JO lors des Mondiaux de breaking à Louvain en Belgique. L’enjeu est de taille, mais en coulisses, les tensions sont vives. Depuis des mois à l’Institut national du sport (Insep) près de Paris, où une poignée d’entre eux s’entraîne depuis un an, l’atmosphère est en effet tendue
selon plusieurs sources à la fédération.
Cet été, les Bleus ont pourtant validé un premier quota olympique avec le titre de Bboy Dany aux Jeux Européens. En Belgique, Bboy Lagaet (9e du classement mondial) et Bgirl Sissy (idem chez les filles) pourraient bien l’imiter, mais les récents départs au sein de l’encadrement à la suite d’un grand remaniement ont laissé un goût amer dans la bouche de certains.
On gagne, pourquoi changer quelque chose ?
, s’interroge l’un des vétérans de l’équipe de France de breaking qui a requis l’anonymat. On est un peu tous dans l’incompréhension ces jours-ci : il y a des batailles d’ego, des jeux politiques. Et au final, ce sont les athlètes qui trinquent
, se lamente-t-il.
De l’incompréhension
Pointé du doigt par plusieurs danseurs, le non-renouvellement en août du contrat d’Omar Remichi, entraîneur de l’équipe de France depuis l’installation de la cellule de haut niveau à l’Insep en septembre 2022. Il faisait un travail correct, mais il avait du mal à s’insérer et à travailler en équipe […] Ce n’était pas possible d’aller jusqu’aux Jeux avec lui
, avance auprès de l’AFP Charles Ferreira, président de la fédération française de danse.
C’est une véritable injustice, rétorque l’intéressé. Ils m’ont laissé seul, sans la moindre ligne directrice pour mener le projet. Ils étaient absents et j’ai fait énormément de sacrifices pour accompagner les athlètes au quotidien et cela a payé : on a ramené cinq médailles en une année
, ajoute Omar Remichi.
Selon d’anciens collaborateurs au sein du projet olympique, l’entraîneur était pourtant l’un des membres de l’encadrement les plus assidus
à l’Insep. Il apportait une vraie plus-value. Le sortir sans même l’évaluer alors qu’il avait de bons résultats… on ne traite pas les gens comme ça
, déplore un ex-cadre, également remercié cette année.
Depuis quelques mois, les départs ou non-renouvellement de contrat se sont multipliés dans l’encadrement : un directeur de la performance, une préparatrice physique, une membre haut placé de la commission spéciale breaking…
Une plainte
Au cœur de la tempête, le président de la fédération Charles Ferreira concentre les critiques. Il y a beaucoup d’autoritarisme, le management du président ne supporte ni la contestation, ni les objections
, affirme Richard Ozwald, directeur technique national de la fédération jusqu’à la fin du mois juin. On était sur une bonne dynamique et il m’a confisqué mes missions petit à petit. En décembre, il m’a renouvelé sa confiance et en mars il me fait venir dans son bureau et m’a demandé de partir en moins de dix minutes, c’était brutal
, raconte cet ancien cadre de la fédération du sport en entreprise, âgé de 62 ans.
Il y avait une mésentente entre le président, l’agence nationale du sport et M. Ozwald. On a donc pris la décision de se séparer de lui
, dit Charles Ferreira. Mais il s’agissait d’une décision collégiale prise par l’ensemble du bureau exécutif de la fédération.
Après un arrêt maladie en mai pour « stress majeur et angoisses réactionnelles », Richard Ozwald, l’un des piliers de la création du pôle de haut niveau à l’Insep, a déposé plainte à Paris mi-juillet pour harcèlement moral contre le président de la fédération.
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Pour Richard Ozwald, le président a dégommé le projet olympique
. Contacté par l’AFP, le ministère des Sports a confirmé avoir été informé de la plainte
déposée par l’ex-DTN, précisant qu’il s’agissait d’une démarche personnelle
.
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