Projet d’envergure porté par le Festival d’Automne, Lucinda Childs X 100 réunit des jeunes danseur·ses du CNSMDP. Reportage.
En se glissant dans ce studio du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, sis à La Villette, on est tout d’abord frappé par l’extrême jeunesse des danseur·ses. Certain·es ont à peine 14 ans, d’autres 20. Chignon façon ballerine contre sweat-shirt Harry Styles, le grand écart est permanent. Lucinda Childs, patiente, fait le compte de ses “élèves” d’un jour. Fiches en mains, elle prépare ses groupes de quatre pour la répétition de Radial Courses.
La chorégraphe américaine a accepté l’invitation du précédent directeur, Cédric Andrieux, à reprendre certaines de ses pièces pour une centaine d’interprètes du conservatoire. “Surtout, il était important de mélanger les cursus classique et contemporain comme les âges” précise-t-elle. Patiente, ayant l’élégance de passer de l’anglais au français, cette artiste majeure de la danse américaine aime “le travail derrière le travail. Lorsque ces jeunes solistes sont en répétition, ils ne doivent penser qu’à la danse. Sinon, ils vont se perdre tout de suite.”
100 fois plus de spectacle
Démonstration avec ce quatuor qui alterne marche, petits sauts et demi-tours, un redoutable exercice rythmé ce jour-là par un métronome – en fait son équivalent sur un téléphone. Lors des représentations à la Grande Halle de la Villette de Lucinda Childs X 100, Radial Courses sera démultiplié dans un effet vertigineux sur quatre plateaux. Le lieu, aux dimensions hors norme, où les silences pour certaines pièces ne sont pas, pour la chorégraphe, des obstacles : “à l’époque de leur création, ces chorégraphies étaient données dans des endroits ‘alternatifs’, comme des églises, des entrepôts, dans la rue. Nous avons d’abord créé comme cela”.
Outre Radial Couses, Reclining Rondo, Katema et Particular Reel, Concerto sur la musique de Henryk Gorecki et Sunrise of the Planetary Dream Collector sur la partition de Terry Riley complètent le programme. On ne cesse de redécouvrir la signature Childs ces temps-ci. De Jan Martens à (La) Horde, les chorégraphes de toute une génération lui vouent une sorte de culte. Paradoxalement, c’est Gisèle Vienne, une artiste pourtant éloignée de l’approche de Lucinda Childs, qui l’a récemment impressionnée. “La discipline est ce que je vois chez elle, celle qui permet une certaine liberté de mouvement.” Les deux femmes partagent autre chose, leur attachement pour Julie Shanahan, interprète ‘historique’ de Pina Bausch.
À l‘affiche de L’Étang aux côtés de Adèle Haenel, l’australienne avait remplacé Lucinda Childs pour la reprise de I Was Sitting on My Patio This Guy Appeared I Thought I Was Hallucinating, cocréation avec Bob Wilson. La chorégraphe retrouvera d’ailleurs ce dernier le temps de Relative Calm. “Depuis 1976, et notre première collaboration, je n’ai jamais cessé d’échanger avec Bob. Cela fait quand même plus de la moitié de ma vie” s’amuse Lucinda Childs. Mais déjà, les élèves du conservatoire l’attendent pour une seconde cession de répétitions. Entre les murs du bâtiment, souffle un esprit de libération. L’effet Lucinda sans doute.
Relative Calm, du 30 novembre au 3 décembre et Lucinda Childs X 100, le 1er et le 2 décembre à la Grande Halle de la Villette : www.lavillette.com, dans le cadre du Festival d’Automne.
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