Interview Qui est Qlote, la graffeuse qui sème ses petits slips dans tout Paris

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Qlote a débuté le graffiti il y a 10 ans.
Qlote a débuté le graffiti il y a 10 ans. (©Qlote)

Ses petites culottes égayent les mornes trajets sur le périphérique de Paris. Le motif est simple, reproduit des centaines et des centaines de fois dans de joyeuses couleurs.  Reconnaissables à leur petit nœud et à la dentelle qui les orne, toutes appartiennent à Qlote, prononcer culotte, une mystérieuse graffeuse francilienne avec qui actu Paris a pu échanger. 

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Actu : Qui se cache derrière Qlote ? Que pouvez-vous nous dire de vous ?

Qlote : Je suis originaire de la banlieue sud de Paris et passionnée par le hip-hop que j’ai découvert à l’âge de dix ans, quand mon père a installé le câble. J’étais fascinée par les clips diffusés sur MTV. Alors que je me suis plongée dans la danse hip-hop, un ami de mon frère m’a ouvert les yeux en me présentant toutes les disciplines qui relevaient de cette culture comme le graff, le beatbox ou encore le djing.

Comment vous êtes-vous retrouvée avec une bombe aérosol dans les mains ?

Qlote : J’avais 13 ans quand l’ami de mon frère m’embarquait avec lui dans ses excursions pour graffer dans des terrains vagues. Parfois, il me demandait même de remplir quelques unes de ses lettres. Mais j’étais jeune et il m’était inconcevable de me lancer seule dans le graff d’autant que je n’avais pas les moyens de m’acheter des bombes de peinture… Et puis ma première passion restait la danse.
Progressivement mon cercle d’amis s’est composé de graffeurs et de graffeuses. Je suivais de près leur travail et mon rôle consistait à prendre en photo leurs œuvres avec l’envie d’archiver tout ça. À mes 18 ans, on m’a proposé de donner des cours de danse… Et là, bingo ! J’ai eu mon permis dans la foulée et je suis enfin passée de spectatrice à actrice !

Depuis quand semez-vous des culottes sur les murs de Paris et sa petite couronne ?

Qlote : Cela va faire dix ans cette année !

Pourquoi avoir choisi des culottes ? Y a-t-il un message caché derrière le bout de tissu ?

Qlote : Il y a plusieurs explications… Quand j’étais en classe de terminale avec une amie, on s’amusait à réaliser des dessins farfelus dans nos cahiers et les culottes faisait partie des classiques. Il y a aussi le fait d’avoir un Q dans mon blaze (un alias pour les graffeurs et graffeuses qui pratiquent le graffiti en vandale, NDLR), c’est assez rare dans le graffiti et ça me permet de me démarquer. Et puis la culotte… C’est un sous-vêtement féminin mais il n’est pas érotisé. En poser partout dans l’espace public, forcément ça attire l’œil et finalement c’est l’essence de ce qu’on fait, la reconnaissance ! Bon et j’admets aussi que glisser des culottes partout alors que la ville est saturée de graff, c’est beaucoup plus simple.
Dans ce choix de représenter des culottes, il y a aussi la volonté de réhabiliter les slips en coton, plus respectueux de notre corps. J’ai rencontré des complications qui m’ont imposé d’en porter, ce qui a été source de complexe. La société nous enjoint à revêtir des dessous bien moins confortables et à constamment être sexy, en total contradiction avec notre bien être.

Quels sont vos spots préférés pour graffer et pourquoi ?

Qlote : L’autoroute, parce qu’on fait ça de nuit et ça se voit beaucoup ! Et puis, il y a aussi les trains de marchandises qui nous permettent de prendre le temps parce que les dépôts sont très tranquilles et qu’on peut affiner notre lettrage tranquillement en plein jour. Je me suis aussi beaucoup amusée à y aller au culot dans certaines villes, en dégainant une échelle et en peignant en journée. Mais depuis que je me suis fait pincer à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), j’ai cessé.
On sent aussi qu’avec les JO de Paris 2024, il y a une certaine pression. Des connaissances se sont fait arrêter à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) sur un terrain qui était jusque là toléré. Mais comme la commune est considérée comme « ville olympique », les policiers leur ont expliqué que des caméras à intelligence artificielle avaient identifié un mouvement suspect, ce qui a mené à leur interpellation.

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Dans le graffiti, comme dans toute autre forme d’art, peu nombreuses sont les femmes. Qu’est ce que ça fait d’être une femme dans cette culture ? Comment se fait-on sa place ?

Qlote : Quand tu es une femme et que tu commences à graffer, tu deviens le centre d’attraction et pas pour les bonnes raisons, c’est assez lourd. Régulièrement, des mecs se permettent même de me demander : ‘Quand est-ce que tu passes aux strings ?’ Si j’étais un homme, la question ne se poserait même pas !
Le graff c’est aussi une guerre d’égo et dans la hiérarchie, les femmes ne sont pas en bonne position. Pour asseoir une forme de supériorité, certains recouvrent le travail des autres et récemment, un groupe n’a cessé de recouvrir mes culottes. Je ne me suis pas démontée, je suis repassée, encore et encore jusqu’à ce qu’ils lâchent l’affaire. Ça m’a donné plus de force.
On s’est aussi regroupées en « crew » (clan, NDLR) avec des amies, les FFG. D’ailleurs, une fois j’ai demandé à un pote pourquoi il n’y avait jamais de femme dans les crew, il m’a répondu qu’elles causaient trop de problèmes… Sa réponse montre à quel point il y a encore beaucoup de travail à faire pour faire de la place aux graffeuses !

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