Fally Ipupa, pas de danse risqué entre Paris et Kinshasa

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Le chanteur congolais Fally Ipupa lors de concert au Pullman de Kinshasa, le 18 mars 2023. Le chanteur congolais Fally Ipupa lors de concert au Pullman de Kinshasa, le 18 mars 2023.

Il voudrait que l’on ne parle que de sa musique qui célèbre l’amour et les femmes, de ses collaborations avec les stars d’Afrique, d’Amérique ou d’Europe, tels Booba, Aya Nakamura, MHD ou Wizkid. Mais Fally Ipupa est désormais un sujet politique et un objet de controverse dans le pays qui l’a fait star, la République démocratique du Congo (RDC).

Le chanteur avait déjà suscité la polémique en près de vingt-cinq ans de carrière mais le 27 février, c’est une photo prise à 6 000 kilomètres de Kinshasa, la capitale congolaise, qui l’a placé dans une tourmente dépassant de loin le cadre de ses concerts. Fally Ipupa, 45 ans, y apparaît dans un salon de l’Elysée au côté d’Emmanuel Macron, juste avant la tournée du président français en Afrique centrale du 1er au 4 mars.

Le cliché recueille plus de 100 000 « likes » sur sa page Facebook. Mais la complicité affichée entre le chanteur et le chef de l’Etat a aussi ses détracteurs au moment où le pouvoir congolais se montre ouvertement critique de la politique française et de sa nouvelle proximité avec le Rwanda, accusé de soutenir les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) qui ont repris les armes dans l’est de la RDC. Le lendemain de sa réception au palais présidentiel parisien, une voiture de l’artiste et l’une de ses maisons de Kinshasa sont incendiées. Cela ne décourage pas celui qui se surnomme le « Warrior Suprême ». Le 4 mars, il pose une nouvelle fois avec le président français lors d’une déambulation nocturne dans la mégapole kinoise, accompagné de Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement congolais.

« Personne n’a le monopole de l’amour »

« Je préfère laisser la politique aux politiciens », rétorque désormais Fally Ipupa, le regard un peu fuyant. « Personne n’a le monopole de l’amour du Congo. Alors, s’il faut prêter mon image, ma voix ou donner une idée pour aider les Congolais, je n’hésiterai pas. Si, en rencontrant des décideurs de ce monde, je peux faire bouger les choses, je le ferai », précise-t-il. Fally Ipupa se félicite notamment du pont aérien humanitaire mis en place pour assister Goma, la grande ville de l’est de la RDC, entre début mars et fin avril. « C’est entre autres grâce à mon plaidoyer auprès d’Emmanuel Macron qu’environ 80 millions d’euros ont été débloqués [par la France et l’Union européenne] pour aider les populations touchées par les combats dans l’est », fait-il fièrement valoir.

Cet affichage avec le président français en fait l’un des ennemis des « combattants », ces militants de l’opposition congolaise qui, en Europe, empêchent notamment par la violence l’organisation de concerts d’artistes accusés d’être à la solde des autorités en place. En février 2020, Fally Ipupa avait subi leur colère aux abords de l’Accor Arena, à Paris, pris d’assaut par des militants décidés à empêcher sa prestation. Malgré les incidents, l’événement avait été maintenu.

En RDC, cela fait longtemps que la politique et la musique dansent au même rythme. Le groupe African Jazz de Joseph Kabasele, dit « Grand Kallé », faisait partie de la délégation congolaise à la Table ronde de 1960 à Bruxelles au cours de laquelle politiques et chefs coutumiers ont négocié l’indépendance du pays avec les dirigeants belges. Les chansons Table ronde et Indépendance cha cha qui en sont sortis sont devenus de véritables tubes du patrimoine congolais.

Durant les heures de gloire du président Mobutu Sese Seko (de 1965 à 1997), les artistes sont mobilisés pour chanter les louanges du dictateur et promouvoir son programme pour le Zaïre naissant. A la fin des années 1990, Tshala Muana, célèbre chanteuse morte en décembre 2022, n’a pas hésité à afficher sa proximité avec le président Laurent-Désiré Kabila et à s’engager en politique. Après la mort de celui-ci, la chanteuse est demeurée un soutien indéfectible à son fils et successeur Joseph Kabila, prenant même la tête de la Ligue des femmes de son parti politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et le progrès social (PPRD). Lors de la campagne pour la présidentielle de 2011, Tshala Muana, Koffi Olomide et Werrason vantaient les réalisations du président sortant, candidat à sa propre succession tandis que Didier Mukeba Kalonji, dit « Bill Clinton », chantait, lui, les louanges de l’opposant Etienne Tshisekedi.

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Fally Ipupa avait lui-même déclaré son affection pour Martin Fayulu, qui revendique toujours la victoire à la dernière présidentielle et est candidat à celle de décembre 2023. « C’est un vieux qui m’a soutenu depuis que j’ai commencé mon aventure en 2006. Je suis très fier de lui », affirmait le chanteur sur le plateau de TV5 Monde en 2018. Mais, aujourd’hui, plus question pour lui d’afficher ouvertement son soutien à un homme politique. « Fally a rencontré Martin Fayulu quand celui-ci ne s’était pas encore lancé en politique, précise Madina Djobounge, le manager de l’artiste. Ils sont toujours en bons termes. »

« Noble combat »

La notoriété acquise au cours de sa carrière – sept années au sein du groupe Quartier Latin de Koffi Olomide et dix-sept ans de carrière solo –, Fally Ipupa entend la mettre au service des causes qui lui tiennent à cœur. Nommé ambassadeur de l’Unicef en 2021, il s’engage contre la malnutrition qui touche des millions d’enfants en RDC. Il est aussi ambassadeur de bonne volonté de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) depuis 2018 dans la lutte contre le recrutement d’enfants par les groupes armés.

« Avec ma structure, Fally Ipupa Fondation, j’ai visité des orphelins au Mali, en Côte d’Ivoire, en Zambie. J’ai offert une ambulance médicalisée à l’hôpital général de Goma. J’ai été deux fois à l’hôpital du docteur Mukwege, à Panzi, avant qu’il ne devienne prix Nobel de la paix, tient-il à préciser. J’ai vu les mamans victimes de viol. Après mon concert à Bercy en 2020, j’ai donné 20 000 euros en soutien au noble combat de Denis Mukwege. » Dans certains hôpitaux de Kinshasa, il joue au bon Samaritain, réglant la facture des malades. En juin 2022, sa structure a fait un don aux soldats qui combattent le M23 : « Il ne s’agit pas d’en faire des tonnes, mais d’agir avec le cœur. Je crois que c’est le devoir de toute personne influente. »

Si Fally Ipupa fréquente Youssou Ndour, le célèbre musicien sénégalais qui fut un temps ministre de la culture et du tourisme du président Macky Sall, et éprouve de l’admiration pour George Weah, l’ancien footballeur devenu en 2018 président du Liberia, il exclut tout avenir en politique. L’« Aigle » autoproclamé n’en a pas fini avec la musique et se prépare à remonter sur scène le 25 novembre à La Défense Arena, en banlieue parisienne.

« Rendez-vous est pris ! », lance d’une voix rassurée le crooner, qui ne craint pas une nouvelle action des « combattants ». « S’ils veulent boycotter le concert, ils n’ont qu’à lancer un message et laisser les gens agir selon leur bon vouloir. Les vrais combattants n’agressent pas les autres, ni verbalement ni physiquement. Ceux qui le font ne représentent pas la cause », déclare celui qui sera le premier artiste congolais à se produire dans le stade de 40 000 places.

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