Robe bleu et or à paillettes, bouquet de fleurs dans les mains, Davina Randria s’active pour les derniers préparatifs du Carnaval de Rio. Charles-Antoine, son mari et couturier, lui réajuste sa coiffure, menacée par la pluie battante. Dans quelques minutes, cette prof de samba parisienne empruntera le fameux Sambodrome – l’avenue entourée de gradins où paradent les meilleures écoles de la discipline – pour une des dernières répétitions générales avant la parade officielle, le 10 février 2024.
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Muse, puis « reine de batterie »
La directrice de l’école Davina Samba, dans le 19e arrondissement de Paris, n’en est pas à ses premiers pas au Carnaval de Rio. Participante depuis 2014, elle y défile en tant que muse – une des rares danseuses défilant seules, vêtues d’un costume distinctif- depuis 2018, et ce pour plusieurs écoles.
Cette année, elle le fera pour Em Cima da Hora (“En avance”), une institution carioca, avec un rôle inédit, celui de rainha da bateria (“reine de batterie”), soit la danseuse principale, placée devant l’ensemble de percussions de son école.
C’est énormément d’émotions mélangées. Être mise en avant par mon école, par les médias, par la communauté [à Rio, chaque école de samba est rattachée à des quartiers de la ville], c’est une belle reconnaissance. C’est aussi la consécration de tout ce que j’ai fait, de tous mes sacrifices.
Une première carrière dans la com
Davina Randria n’est pas née avec la samba dans les pieds, mais elle a commencé la danse à l’âge de 6 ans. Dans une première vie, elle était cadre commerciale dans une entreprise de communication, avant de créer avec des amies sa propre compagnie, en 2010, Les danseuses d’or. “Au départ, on proposait un spectacle axé autour de différentes danses du monde : le french can-can, la danse Bollywood, la samba… énumère la professionnelle, 38 ans aujourd »hui. Rapidement, les gens sont venus nous demander si on donnait des cours. Donc je me suis formée sur le tas à la samba, en fréquentant les soirées brésiliennes à Paris, en regardant des vidéos.”
Un talent qu’elle a perfectionné jusqu’à briller à Rio de Janeiro – un aperçu ci-dessous via son compte Instagram :
Cette année, le thème choisi par Em Cima da Hora porte sur la défense des droits des travailleurs, avec des danseurs habillés en ouvrier ou en infirmière. Coïncidence ou choix délibéré, les paroles de la chanson de l’école font même allusion… aux célèbres manifestations parisiennes. “La voix d’un pays, le peuple dans la rue / Notre lutte continue et fait école/ Reflète Paris, le rouge de la fleur/ La dignité n’est pas l’aumône !”
“Pression, non, mais humilité, oui ! »
De quoi ajouter une pression supplémentaire ? “Pression, non, mais humilité, oui ! lance Davina Randria. À la base, le Carnaval de Rio est une tradition typiquement brésilienne, elle-même venue d’Afrique. C’est un honneur de pouvoir parler de Paris, de pouvoir parler de la lutte pour ses droits, mais, moi, je ne suis là que pour apporter ma touche française.” En l’occurrence avec un ruban bleu-blanc-rouge noué au bras.
Sourires espiègles, clins d’œil aux caméras, pas de danse millimétrés malgré ses talons de plus de 10cm : Davin Randria est définitivement dans son élément. « Qu’on gagne le carnaval ou pas, ce qui est sûr, c’est que je vais m’éclater ! »
À Rio de Janeiro, Raphaël Bernard
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