Dans le kibboutz, la danse comme travail collectif

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« Asylum », de Rami Be’er, au kibboutz Ga’aton (Israël), en 2018. « Asylum », de Rami Be’er, au kibboutz Ga’aton (Israël), en 2018.

Le panneau de signalisation est trop beau et insolite pour qu’on ne le remarque pas. « Dance village » y est écrit en anglais, en hébreu et en arabe. Hop, on suit la flèche, on tourne à droite. Ce « village de danse » est celui de la Kibbutz Contemporary Dance Company, installée depuis sa création, en 1970, au cœur du kibboutz Ga’aton, situé à l’extrême nord d’Israël et à 8 kilomètres du Liban. Passé la grille de sécurité, la route cède vite la place à des bouquets de végétation entre lesquels de petites maisons se nichent.

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Héritier des villages collectifs participatifs créés par les mouvements sionistes dans les années 1950, le kibboutz est plus proche aujourd’hui d’un village communautaire dont la plupart des habitants travaillent à l’extérieur. « Environ 600 personnes vivent ici, nous précise-t-on. De plus en plus de jeunes ont envie de s’installer dans un kibboutz, car il y a une certaine qualité de vie, un calme et une sécurité. »

Proches de l’entrée, à droite, les bâtiments de la compagnie israélienne historique abritent un petit théâtre de 250 places. Le 6 juin, il est plein comme un œuf. A l’affiche, Asylum (2018), un des spectacles emblématiques du chorégraphe et patron de la troupe, Rami Be’er. Parmi les spectateurs, certains habitent le kibboutz, d’autres arrivent des alentours, notamment de Nahariya, l’une des dernières grosses villes avant la frontière libanaise. « Les gens viennent de toute la Galilée mais aussi du centre d’Israël, commente Yoni Avital, directeur général. Certains font même 200 kilomètres pour venir voir les pièces de Rami. »

Suspense permanent

Asylum, au programme du mercredi 12 au samedi 15 juillet du Festival Paris l’Eté, évoque, selon Rami Be’er, « la difficulté de trouver sa place, un endroit protégé, chaud, où l’on se sent bien. » Alors que le spectacle a déjà démarré depuis plusieurs minutes, le havre de paix semble loin et difficile à atteindre. Un homme torse nu, harnaché d’un porte-voix en bandoulière, mitraille de cris un danseur. Une escouade d’une quinzaine d’interprètes en short et chaussettes noires sort des coulisses, corps en biais, déhanchés marqués par les mains cadrées sur le bassin. Les ensembles tatoués par une énergie viscérale laissent échapper des duos plus tendres. Le suspense est permanent tandis qu’une comptine israélienne intitulée Uga Uga fait tourner le groupe en girouette. « La langue de Rami est explosive, animale, très physique », confie la danseuse Lea Bessoudo après la représentation.

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L’histoire de Rami Be’er s’entrelace intimement avec celle, longue et riche, de la Kibbutz Contemporary Dance Company et du kibboutz Ga’aton. Les immeubles bruts et élégants de la troupe ont été conçus par le père de Rami Be’er, l’architecte Menny Be’er, et l’un des bâtisseurs du kibboutz. « Mes parents sont des survivants de l’Holocauste, raconte Rami Be’er avec simplicité. Ils sont arrivés en 1948 de Hongrie et ont construit ce kibboutz avec leurs amis pour un nouvel avenir. Ils se sont mariés ici. A la maison, mes trois sœurs et moi-même baignions dans la culture. » Qu’il s’agisse des arts plastiques du côté du père ou de la littérature et de la poésie du côté de la mère, dont la famille possédait les éditions Dante avant la seconde guerre mondiale en Hongrie, Rami Be’er vit entouré de livres d’art, de poésie.

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