Depuis la création de sa compagnie en 2006, Rébecca Chaillon a inventé son propre langage dans une forme, proche de la performance, qui utilise le théâtre, la danse et les arts plastiques. Elle explore les identités féminines, le rapport au corps et à la société. Dans « Carte noire nommée Désir », joué à compter de ce mardi 28 novembre aux ateliers Berthier de l’Odéon, à Paris, elle interroge la place des femmes afrodescendantes dans la société française.
Décortiquant les stéréotypes et les clichés, Rébecca Chaillon, artiste d’origine martiniquaise, incarne une employée de ménage, qui se livre à un nettoyage frénétique du plateau blanc. Par la suite, elle se dénude et les autres performeuses lui font d’énormes tresses, qu’elle gardera jusqu’à la fin du spectacle.
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« Dans la pièce, je voulais avoir de la divergence : des filles du groupe bossent dans le social, d’autres dans la musique classique, le cirque ou la performance« , expliquait cet été Rébecca Chaillon dans une interview pour sceneweb.fr. « Cette mixité nous ouvre des portes et ramène plus de gens, pour être forts avec nous. Car il faut cette force sur scène, mais aussi en salle : jouer ce genre de spectacle, c’est dur physiquement et humainement. » À l’entrée de la salle, elle propose aux femmes noires de venir se placer derrière la scène. Histoire de se compter parmi le public, à majorité blanc.
Une polémique, des agressions et un cri du cœur
« Carte noire nommée Désir » a été créé en novembre 2021. Le spectacle a été vu par des milliers de spectateurs, sans provoquer le moindre incident. Mais cet été, lors du Festival d’Avignon, les performeuses ont subi des intimidations, sur scène et dans la rue, ainsi que des agressions physiques. Des « agressions verbales et physique à caractère raciste« , qualifiées d' »inacceptables » par Tiago Rodrigues, le directeur du festival d’Avignon.
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C’est vrai, le spectacle bouscule la zone de confort du public. Mais rien ne justifie la violence dont ont été victimes les comédiennes cet été. Ce spectacle est un grand cri du cœur, celui de huit femmes noires en colère, magnifiques, puissantes.
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