Ballet de l’Opéra de Paris : heureusement qu’il y a Crystal Pite

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Opéra Garnier, Paris. 23-IX-23. Ballet de l’Opéra national de Paris : Marion Motin / Xie Xin / Crystal Pite.
The Last Call (création). Chorégraphie et décors : Marion Motin. Musique : Micka Luna. Costumes : Arthur Avellano. Lumières : Marion Motin, Judith Leray.
Horizon (création). Chorégraphie : Xie Xin. Musique : Jiang Shaofeng. Décors : Hu Yanjun. Costumes : Li Kun. Lumières : Gao Jie.
The Season’s Canon. Chorégraphie : Crystal Pite. Musique : Max Richter. Décors : Jay Gower Taylor. Costumes : Nancy Briant. Lumières : Tom Visser.

The Season’s Canon de Crystal Pite sauve la soirée d’ouverture de saison du Ballet de l’Opéra de Paris, consacrée à trois femmes chorégraphes. Les deux autres, des créations, résultent des choix hasardeux de programmation d’Aurélie Dupont, ancienne directrice de la danse.

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Seule Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris distribuée dans cette soirée mixte consacrée aux femmes chorégraphes, Ludmila Pagliero est la reine d’une somptueuse fourmilière modelée par Crystal Pite. Première création de la chorégraphe canadienne pour le Ballet de l’Opéra de Paris en 2016, The Season’s Canon est celle dont l’éclat brut est le plus exceptionnel. La maîtrise parfaite des groupes de danseurs, l’intelligence et l’adéquation avec la musique de Max Richter – une réécriture des Quatre Saisons de Vivaldi -, l’absolue précision de l’interprétation font de cette pièce un des chefs-d’œuvre du répertoire récent de la compagnie parisienne.

Répétiteurs et maîtres de ballet ont effectué un travail remarquable pour remonter ce ballet qui coule désormais dans les veines de la compagnie et de ces cinquante-quatre danseurs. Une pièce qui permet d’oublier l’indigence des deux pièces proposées en début de soirée, The Last Call de Marion Motin et Horizon de Xie Xin, aucune des deux n’étant à la hauteur de la plus célèbre et importante compagnie de danse française.

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The Last Call
met en scène un homme qui reçoit un coup de téléphone lui annonçant la mort d’un proche, et entend décliner les différentes étapes du deuil, du déni à l’acceptation. Aucune originalité, ni richesse d’écriture dans cette première création de la chorégraphe Marion Motin pour le Ballet de l’Opéra de Paris. Des lumières criardes aux costumes en latex, il n’y a rien à sauver dans cette pièce aux idées éculées, qui enchaîne les séquences parfois empruntées (mais maladroitement) chez d’autres chorégraphes. Plus habituée aux plateaux de télévision et aux shows d’artistes internationaux, comme Madonna, Stromae ou Christine and the Queens, Marion Motin ne parvient pas à apporter de valeur ajoutée aux danseurs d’exception qu’elle a choisi pour cette aventure. Dommage pour Caroline Osmont, Ida Viikinkoski, Axel Ibot et Alexandre Boccara qui ont mis toute leur énergie pour répondre à cette proposition scénique.

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Horizon
, la création de la chorégraphe chinoise Xie Xin, n’est pas plus convaincante. Avec ses cascades de brume, d’où surgissent des danseurs en pyjama d’organza, c’est une pièce cotonneuse et molle. Neuf danseurs, au premier rang desquels Yvon Demol, Takeru Koste et Loup Marcault-Derouard chez les garçons, Victoire Anquetil, Nine Seropian ou Marion Gautier de Charnacé chez les filles forment une chaîne, tentent quelques portés, mais semblent s’ennuyer aussi ferme que nous. La chorégraphe, dont la compagnie est basée à Shanghaï, s’est entourée d’une équipe artistique exclusivement chinoise, qui verrouille un univers très asiatique dans lequel il est difficile de pénétrer.

Le livret programme vendu aux spectateurs peine à masquer l’absence de référence des deux chorégraphes invitées et leur peu d’expérience dans la chorégraphie pour de grandes compagnies académiques. Seule Xie Xin, qui fut interprète de Sidi Larbi Cherkaoui, a eu l’occasion de créer pour le Hessische Staats Ballet de Wiesbaden en 2019 ou le Balletboyz Dance Company, à Londres la même année. Le reste de ses références sont exclusivement chinoises.

Afin de limiter les risques, seuls quelques danseurs ont contribué à ces créations, et c’est heureux, car à quoi bon avoir fait plus de dix ans d’études exigeantes et être engagé dans une compagnie qui cultive l’excellence depuis 400 ans pour interpréter des pièces aussi creuses et vides. On pourrait en rire, si tout cela ne représentait beaucoup de temps, d’énergie et d’argent, gaspillés en pur perte. Une faute de carres et de goût pour Aurélie Dupont, dont les choix en matière de programmation se sont révélés peu pertinents.

Crédits photographiques : © Julien Benhamou / Opéra national de Paris

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Opéra Garnier, Paris. 23-IX-23. Ballet de l’Opéra national de Paris : Marion Motin / Xie Xin / Crystal Pite.
The Last Call (création). Chorégraphie et décors : Marion Motin. Musique : Micka Luna. Costumes : Arthur Avellano. Lumières : Marion Motin, Judith Leray.
Horizon (création). Chorégraphie : Xie Xin. Musique : Jiang Shaofeng. Décors : Hu Yanjun. Costumes : Li Kun. Lumières : Gao Jie.
The Season’s Canon. Chorégraphie : Crystal Pite. Musique : Max Richter. Décors : Jay Gower Taylor. Costumes : Nancy Briant. Lumières : Tom Visser.

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