Vidéo. Danse : le Girondin Anthony « Freesh Mez » Mezence intègre l’élite du break français

La voix est douce, l’allure tranquille, les dreads impeccables. Place Stalingrad à Bordeaux, Anthony, qui habite depuis deux ans près de Paris, est revenu voir la famille, les familles. Celle de la Marègue de Cenon où il a grandi. Celle des Associés crew, la compagnie hip-hop qui l’a fait éclore et reste son repère. « Il ne se passe pas deux jours sans que je l’appelle », dit-il au sujet d’Hassan Sarr, danseur…

La voix est douce, l’allure tranquille, les dreads impeccables. Place Stalingrad à Bordeaux, Anthony, qui habite depuis deux ans près de Paris, est revenu voir la famille, les familles. Celle de la Marègue de Cenon où il a grandi. Celle des Associés crew, la compagnie hip-hop qui l’a fait éclore et reste son repère. « Il ne se passe pas deux jours sans que je l’appelle », dit-il au sujet d’Hassan Sarr, danseur et coordinateur des Associés. « C’est une tête de mule, il ne lâche rien ! » Bien lui en a pris : douze ans après avoir intégré la troupe, il vient d’intégrer la liste de haut niveau de la Fédération française de danse, rayon break.

Une cinquantaine de danseurs et danseuses y sont acceptés. « Une belle reconnaissance, un encouragement », résume Anthony Mezence, alias Freesh Mez, pseudo de battle en référence au « Prince de Bel Air », feuilleton dont il s’est gavé petit. Début des années 2000 : le petit gars de la Marègue, fils d’un Guadeloupéen et d’une Ivoirienne n’en a que pour le foot à l’US Cenon. « Mais à la maison, ça danse et je passe de temps en temps voir ma grande sœur donner des cours à la MJC juste à côté. Et je tannais Hassan dans le tram en lui disant : ‘‘Un jour, je danserai !’’ »

NY Posse

Infusion tranquille du virus jusqu’à un stage en 2011 de Boubacar « Booba » Cissé, danseur et chorégraphe des Associés, créés cinq ans plus tôt avec Sarr. ADN de la compagnie : la création mais aussi les battles, la performance mais aussi la transmission de l’héritage, des valeurs du hip-hop, où ça brille si ça bosse. Anthony est recruté dans les « NY Posse », troupe d’espoirs des Associés. « Je bosse le physique, Hassan me booste le mental. » Première scène professionnelle en 2015 avec les NY sur « La Meute », spectacle qui tournera dans toute la France. Un an plus tard, il intègre Käfig, l’aujourd’hui légendaire compagnie de Mourad Merzouki, pour « Folia ».

Deal avec Élisabeth la maman : l’école jusqu’au BTS après c’est bon. Anthony s’accroche, jongle avec les agendas, devient intermittent en 2017, travaille avec plusieurs compagnies dans tout le pays. Et jamais ne lâche les Associés, pour les créations et battles que la compagnie cenonnaise tient à conjuguer. « Les deux nourrissent le danseur », résume le « grand frère » Hassan. Freesh Mez se fait un nom sur les tapis, se glisse en duo avec Diggy Day dans le top 16 au battle international d’Eindhoven en 2019, le top 8 avec Ceebri à « Outbreak » en Slovaquie en juillet 2023.

Équipe de France

En solo, une 13^e place aux championnats de France de battle à Reims et ses autres performances lui font recevoir le mail de la Fédération début janvier : il fait partie de l’équipe de France, avec suivi sportif et professionnel pour un an au moins. Encore juste pour les JO de Paris (quatre Français ont toujours leur chance) mais de très bon augure. Scènes, battles : Anthony, dans l’esprit des Associés, accompagne la jeune Bordelaise Léonie Lucquot, le Rochelais Hugo. Transmettre. Et part en Côte d’Ivoire bientôt pour l’annuel voyage familial, pour continuer à travailler avec des danseurs là-bas, comme il le fait aussi en Guadeloupe où son père est reparti. Il sera à Abidjan au moment de la finale de la Coupe d’Afrique des nations, et la Côte d’Ivoire vient de s’y qualifier. Bon augure toujours.