Une soirée au souffle de feu. L’Opéra de Paris se plonge dans trois œuvres du chorégraphe Maurice Béjart, disparu en 2007 et dont l’histoire est étroitement liée à celle de l’institution parisienne. Au programme : trois ballets courts, trop courts (une heure de spectacle au total), où la danse flamboie, mise en valeur par une scénographie dépouillée, tout en nuances rougeoyantes. Apothéose de la soirée, le mythique Boléro, sur la musique éponyme de Ravel, éclate d’une fougue magnétique.
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Un phénix incandescent
La soirée s’ouvre sur L’Oiseau de feu, créé en 1970. Maurice Béjart, qui voulait écrire un ballet sur les oiseaux, s’est arrêté sur la partition d’Igor Stravinsky. Le chorégraphe bouscule les attentes en offrant le rôle principal à un homme, alors que l’imaginaire de la ballerine-cygne est dans toutes les têtes.
Comme souvent dans ses œuvres, l’histoire et les intrigues complexes passent au second plan. Maurice Béjart préfère suggérer de grandes lignes directrices et idéologiques : derrière la métaphore de l’oiseau, l’image du poète montrant la voie de la liberté à un groupe de « partisans ».
L’oiseau de feu (interprété par Francesco Mura), danseur irradiant dans une combinaison rouge vif, insuffle à ses partisans, en uniformes à cols Mao, une énergie solaire, un vent de liberté. Sorte de figure mythologique à l’aura de gourou bienveillant, il évolue dans une danse large et découpée, aux pauses sémaphores. L’effet « ailé » se recherche dans les arabesques penchées, les cassures des coudes et des poignets.
S’il se consume doucement, le phénix annoncé renaît de ses cendres en grande pompe. Sur la scène surgit un nouvel escadron écarlate d’oiseaux. Un tableau final aussi impressionnant que furtif : il est déjà temps de saluer.
Un duo masculin contemplatif
Le Chant du compagnon errant fonctionne sur une tout autre dynamique, beaucoup plus introspective. Duo masculin délicat et métaphysique sur des lieder de Gustav Mahler, il prend la forme d’une confession dansée emprunte de mélancolie.
Un jeune homme (interprété par Antoine Kirscher) errant dans la solitude, en lutte contre ses angoisses existentielles, puise auprès d’une figure gémellaire plus âgée une forme d’apaisement (dansé par le prometteur Enzo Zaugar).
Le duo, entre ombres et lumières, fonctionne sur un jeu de miroir. Le plus jeune, en bleu, initie ou reprend une phrase du plus vieux, en rouge. Sans esbroufe, l’œuvre offre une forme de méditation dansée impressionnante. De ces mouvements athlétiques, s’échappe une douceur touchante.
Le Boléro, œuvre mythique de Maurice Béjart
Puis vient l’heure du Boléro. Il y a d’abord une sorte d’inquiétude à observer la silhouette presque nue du danseur étoile Hugo Marchand, seul sur l’immense table ronde. Le rythme fatidique des percussions, en sourdine, murmure une menace. La machine est lancée : pendant 16 minutes, la même phrase musicale, amplifiée peu à peu par toutes les strates de l’orchestre, accompagnera implacablement le danseur, mi-idole, mi-offrande.
Est-ce cette main trop seule qui surgit dans l’immensité de la scène ? Le tempo qui semble trop rapide ? Les regards convergents d’une trentaine de danseurs immobiles, assis dans l’obscurité ? Une impression de vulnérabilité flotte dans l’air, et s’évapore à mesure que la musique s’épaissit. Sous la lumière blanche des spots braqués, le regard planté droit devant, le sourire infaillible, l’étoile déroule le langoureux rituel imaginé par Béjart en 1961.
Dansé tantôt par un homme, tantôt par une femme, le rôle principal est une prouesse technique. Sur un lancinant mouvement de balancement ancré dans le sol, la chorégraphie enchaîne 16 séquences. À mesure que le temps passe, le soliste s’accapare tout l’espace de la table, cerné par les danseurs qui s’amassent peu à peu autour de lui. Un exercice d’endurance et de mémoire redouté, l’unique phrase musicale répétée n’offrant pas de repère pour l’enchaînement des figures.
Une sorte de transe s’installe. Sur la scène, habillé de sueur, Hugo Marchand s’envole, harangue, ondule alors que l’orchestre joue de toute sa puissance, jusqu’à l’ultime seconde, dévorée par un bouquet de bras tendus en l’air, qui engloutissent le soliste comme une fleur carnivore. Dans la salle, l’effet est réussi, le public se lève pour applaudir, presque sonné.
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