« Il va y avoir du monde, c’est sûr. » En plein milieu de l’après-midi, sous un soleil éclatant malgré le mois d’octobre qui se profile, dans une rue du Marais, la rumeur monte. Des grappes de femmes et d’hommes endimanchés se pressent en direction du Tango, mythique boîte LGBT parisienne.
Suzanne, Christiane, Raymond et Jean-Loïc sont au rendez-vous, ce mercredi 4 octobre 2023, pour danser sur le parquet qu’ils ont usé plus tôt dans leur jeunesse. Accueillis par les chaleureuses embrassades de Roger et Oscar, le binôme qui règne sur le thé dansant à Paris, et par le tenancier Hervé Latapie, adossé aux portes d’entrée de son établissement comme à son habitude.
À lire aussi
Édith Piaf, Patrick Bruel et Gotan Project
« Salut chéri, tu paies en espèces, en carte bleue ou en nature ? » Les vannes fusent dès le vestibule du Tango. Depuis mars, la boîte de nuit a revêtu ses habits de lumière alors que son avenir s’était obscurci en 2021 à cause de la vente de son immeuble.
Après être passés à la caisse, « 10 euros l’entrée avec une conso », les danseurs du mercredi après-midi peuvent enfin chalouper de table en table et, pour les plus téméraires, se déhancher sur la piste. Aux platines aujourd’hui, dj Habib. Depuis sa cabine, l’animateur ambiance la petite foule sans fausse note.
Certains morceaux sont des incontournables : Padam… padam d’Édith Piaf, E viva Espana pour les danseurs de paso doble… Mais aussi Gotan Project, des tubes de bachata, de disco et même de zouk !
75 ans de bals
En contrebas, Suzanne est assise sur une banquette en skaï, face à la piste où un air de musette fait le bonheur d’une dizaine de couples. À 93 ans, elle fréquente les thés dansants une fois par semaine.
« Depuis mes 18 ans je danse dans les bals. C’est mon père qui m’accompagnait à l’époque, rembobine la fringante nonagénaire. Je dansais du soir au matin », raconte Suzanne qui avait toujours une aspirine dans son sac pour ne pas ressentir de douleurs après des heures de fêtes.
Avec son amie Claudine, elle remonte le temps et se souvient être venue ici il y a trente ans. De cette soirée l’ancienne coiffeuse qui officiait Aux trois quartiers, un ancien grand magasin situé à Madeleine, ne se rappelle que d’une chose : son cavalier. Trois décennies plus tard, elle échange encore quelques pas avec ce dernier, présent ce jour au Tango.
Berceau du bal musette devenu dancing gay
À l’autre bout de la piste, Raymond attend un rock pour s’endiabler. Âgé de 91 ans, il est venu des Abrets (Isère) pour assister à la fête. « Je fréquentais les lieux il y a une trentaine d’années lorsqu’ils étaient tenus par un Auvergnat. À la place du disc-jockey, il y avait un orchestre« , pointe-t-il.
Avant d’être un lieu historique de la culture LGBT à Paris, le Tango était une ancienne guinguette et a notamment abrité le premier siège social d’une union corporatiste de musiciens auvergnats à la fin des années 1890.
Puis l’activité de bal musette a progressivement périclité, remplacée inéluctablement par les sonorités plus modernes (afro-latino, groove, funk, soul) dans les années 1990. C’est en 1997, avec l’arrivée d’Hervé Latapie, professeur et militant queer que le Tango a pris sa teinte LGBT.
Trente ans plus tard, Raymond, ancien chauffeur de car, garde un souvenir ému de ces soirées de drague au bal musette grâce à deux qualités imparables : « À l’époque j’étais un très bon danseur et plutôt beau gosse, il faut le dire », lâche-t-il dans un large sourire.
De son côté, dj Habib lance Quizás, quizás, quizás. Un morceau qui laisse, pour le moment, de marbre les amis de Raymond. Jean-Loïc, un verre de Coca à la main, et Christiane sirotant une Piña Colada, préfèrent refaire le monde. C’est sur cette piste de danse que le jeune pizzaïolo et la commerciale se sont rencontrés à l’aube de leur trente ans.
« Mon beau-père tapait le carton dans le bistro d’à côté », se souvient la coquette septuagénaire. Ces vestiges d’une époque révolue, le tenancier du Tango souhaite les encapsuler. Alors qu’un documentaire sur son établissement est sur le point de sortir, il aimerait recueillir la parole des anciens pour garder à tout jamais les traces de « la boîte à frissons ».
Une boîte de nuit, lieu culturel de jour
« Pour un premier thé dansant, c’est un succès ! On a accueilli plus de cinquante personnes en une demi-heure ! », glisse, satisfait, Hervé Latapie. Âme du Tango depuis 1997, il est animé par l’envie de « diversifier » sa clientèle.
Si l’activité de cette boîte de nuit « hétéro friendly » est revenue à la normale après les rebondissements liés à sa mise en vente, le tenancier souhaite maintenant « rouvrir les portes » de ce lieu historique.
Il y a trente ans, la musette a cessé de retentir au 13, rue au Maire « parce que les soirées n’étaient plus rentables », relate Hervé Latapie. Maintenant que le collectif Tango 3.0 a repris l’exploitation de la discothèque, il souhaite développer les activités culturelles et sociales pour que « tout ne soit pas commercial ».
Ce dimanche 15 octobre, Le Tango célèbrera la réouverture d’un autre lieu emblématique de la communauté LGBT : la librairie Violette and Co.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.
La chronique se veut reproduite du mieux possible. Afin d’émettre des observations sur ce document concernant le sujet « Ecole de Danse du Marais », veuillez contacter les coordonnées indiquées sur notre site internet. paris-dance.com est un agrégateur d’information qui garde différentes actualités publiées sur internet dont le thème central est « Ecole de Danse du Marais ». Pour vous faciliter la tâche, paris-dance.com vous partage cet article qui traite du sujet « Ecole de Danse du Marais ». Connectez-vous sur notre site internet paris-dance.com et nos réseaux sociaux dans l’optique d’être renseigné des futures publications.