Tous les jours, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo. Lundi 27 novembre 2023 : l’auteur, compositeur et chanteur, Richard Cocciante. Jusqu’au 7 janvier 2024, le spectacle musical « Notre-Dame de Paris » qu’il a co-écrit avec Luc Plamondon est de retour au Palais des Congrès à Paris.
Publié le 27/11/2023 16:01
Temps de lecture : 3 min
Richard Cocciante est un artiste, interprète et compositeur, notamment connu pour ses titres Le coup de soleil (1980), Marguerite (1989), Il mio refugio (1995). Le spectacle musical Notre-Dame de Paris, fruit d’une riche collaboration avec Luc Plamondon, lui colle à la peau depuis 1998.
Jusqu’au 7 janvier 2024, ce spectacle devenu culte est de retour sur scène au Palais des Congrès et fera la tournée des Zénith en 2024.
franceinfo : Vous qui êtes le compositeur de cet événement mondial, comment vivez-vous ce retour sur scène 25 ans plus tard ?
Richard Cocciante : C’est incroyable à réaliser parce qu’au début, lorsqu’on l’a composé, on n’aurait jamais cru avoir un tel succès. Pas seulement en France, mais dans beaucoup de pays du monde. On a écrit Notre-Dame de Paris parce qu’on en avait envie, pas parce qu’on nous a commandé une œuvre. On a tout écrit jusqu’au moment où on a dû choisir un producteur et là ça a été difficile.
« Personne ne voulait nous produire ni même écouter. Ce n’était pas dans l’air du temps de faire sortir une œuvre de ce genre. Ça prouve l’honnêteté de l’écriture. On ne l’a pas écrit pour faire un succès, mais on l’a écrit parce qu’on en avait vraiment envie. »
Richard Coccianteà franceinfo
Lorsque Charles Talar, qui est le producteur qui s’est occupé de Notre-Dame de Paris au début, est venu écouter, la première chose qu’il ait dite : « Je ne veux pas produire cette œuvre, mais je viens par respect, pour écouter« . Alors je me suis mis au piano et j’ai chanté toute l’œuvre. Ce n’est qu’à la fin qu’il a applaudi. Il nous a donné le livret à signer et il a dit : « Je vais aller réserver quatre mois le Palais des Congrès » et là on s’est dit : « Oh, ça va être impossible de remplir ! Ce n’est pas possible« . Et toute l’histoire a commencé comme ça.
Notre-Dame de Paris, c’est d’abord une œuvre de Victor Hugo, adaptée en 1836 par la compositrice Louise Bertin ; en 1965, elle devient un ballet grâce au chorégraphe et danseur Roland Petit. Il y a aussi des films, des téléfilms, des dessins animés. Vous avez cette idée de transposer l’œuvre en comédie musicale. Est-ce que vous avez compris très vite que vous alliez apporter un nouveau souffle ?
On l’appelle « spectacle musical ». Ce n’est pas parce qu’on dénigre la comédie musicale, c’est parce que ça n’en est pas une, simplement. Normalement, dans les comédies musicales, on parle et on chante. Dans Notre-Dame de Paris, c’est chanté du début jusqu’à la fin. C’est un spectacle complet sur scène où il y a un ballet qui, pour la première fois, a mélangé des styles différents. La danse moderne avec les breakers et les acrobates ensemble, comme si c’était un corps unique. C’était la première fois qu’on parlait des étrangers, des émigrés. Ça a été très fort à l’époque parce qu’on parlait des émigrés, Clopin est le chef des sans-papiers.
« Si on avait écrit ‘Notre-Dame de Paris’ aujourd’hui, peut-être qu’on nous aurait traité d’opportunistes parce qu’on parle des étrangers, de tous les problèmes sociaux qu’on est en train de vivre en ce moment. Pouvait-on imaginer ce succès ? Non, mais c’est mieux. »
Richard Coccianteà franceinfo
Il ne faut pas faire un succès, il faut que le succès arrive. Spontané. Ce sont les gens qui décident, c’est le public. L’authentique succès, c’est ça, c’est l’inattendu.
Vous êtes né à Saïgon, au Vietnam, d‘un père italien et d’une mère française. À quel âge avez-vous découvert la musique et aussi votre voix qui est si particulière ?
Je suis un chanteur-né. Très vite, j’ai compris que c’était l’expression principale. Je ne suis pas un très grand parleur. Je pense que je me suis réfugié dans la musique et surtout dans le chant. Alors je suis complètement autodidacte. Au début, ce n’était pas un choix, mais c’en est devenu un parce que je me suis dit un jour : est-ce que je dois apprendre la musique ? Mais, j’ai eu peur de perdre l’instinct que j’avais en moi, cette spontanéité dans la composition et dans la manière de m’exprimer. En ce qui concerne ma voix, j’ai dû m’imposer.
« Mes premiers succès ont été en Italie et c’était avec une voix rauque, une voix déchirée. Les experts dans la maison de disque n’étaient pas très convaincus, c’est vraiment le public qui m’a donné le succès. Il fallait imposer une voix, mais aussi un physique, parce que je n’ai pas le physique du chanteur classique. Je suis un petit peu en retrait et surtout réfugié derrière mon piano. »
Richard Coccianteà franceinfo
J’ai donc dû imposer cette manière d’être, de vivre, de penser et sûrement de chanter. Ça a été un coup de poing en Italie, ça a explosé. Il y avait une différence. J’aime la différence. L’artiste doit être différent, sinon il n’existe pas et il doit l’assumer et l’imposer. C’est comme ça qu’est né Notre Dame de Paris parce qu’au fond, j’aurais pu continuer à être chanteur et compositeur de mes chansons pendant toute ma vie. Mais j’ai risqué, je me suis lancé dans ce Notre-Dame de Paris, même quand on m’a dit : « Tu es fou, tu vas complètement détruire ta carrière ! » Mais il faut tenter. Si on ne tente pas dans notre carrière, on n’arrive à rien.
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