La France fait le pari d’une ouverture culturelle de l’Arabie Saoudite

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Le 17 janvier dernier, l’ambassadeur de France à Riyad n’a pas hésité à parcourir le millier de kilomètres qui le sépare du Maraya Concert Hall d’AlUla, cet incroyable auditorium de 500 places dont les murs-miroirs réfléchissent le désert environnant. Et pour cause : « la venue de l’Opéra de Paris est un événement historique, une première en Arabie saoudite » explique Ludovic Pouille. D’autant que l’institution a eu carte blanche pour définir le programme, assure Myriam Mazouzi, directrice de l’Académie de l’Opéra de Paris.

Au menu, des airs de « Manon » et « Carmen » – « deux femmes libres et fortes » insiste-t-elle – interprétés par une soprano franco-belge au décolleté plongeant, une mezzo-soprano égyptienne en robe moulante ou une première soprano saoudienne à l’aise dans un duo langoureux.

Et côté danse, l’étoile Alice Renavand n’a certes pas choisi un tutu, mais sa chorégraphie a mis en valeur ses cheveux virevoltants. Le tout a été donné gratuitement devant un public attentif et conquis.

Pas de culture washing

« Songez qu’il n’y avait pas de ministère de la Culture il y a encore cinq ans, que la musique et la danse étaient interdites. En France, l’Arabie saoudite a encore une image très négative, alors qu’une vraie révolution sociale et culturelle s’opère que nous accompagnons. Ce n’est pas de la ‘culture washing’ » pointe l’ambassadeur.

« Il s’agit d’éveiller à l’opéra, de montrer aux jeunes le potentiel, de développer les talents et les échanges » précise Nora Aldabal, directrice de la programmation Arts et Culture à la Commission royale pour AlUla. « Nous sommes dans une démarche de transmission au moment où se construit très vite un réseau de conservatoires » poursuit Myriam Mazouzi, qui a organisé des rencontres entre les artistes et les étudiants du Music Hub d’AlUla.

De belles marques

Depuis l’accord intergouvernemental de 2018, la France a pour mission d’accompagner l’Arabie saoudite dans le développement culturel d’AlUla, la nouvelle destination touristique la plus prometteuse du pays pour son site archéologique nabatéen. Et si les Saoudiens ne veulent pas de « franchises » comme Abu Dhabi avec Le Louvre, pour autant ils apprécient les marques.

« L’Opéra de Paris est l’une des institutions les plus prestigieuses, fondée il y a plus de 350 ans » a rappelé à l’auditoire du Maraya Fériel Fodil, directrice générale de la Villa Hegra. Cette Villa Médicis franco-saoudienne en préfiguration investira en 2026 un bâtiment sur pilotis de 8.000 mètres carrés signé des architectes tricolores Lacaton et Vassal, au milieu de dix hectares de palmiers-dattiers, d’agrumes, de cultures maraîchères…

« Elle s’inscrira dans le réseau des ‘Villas’ françaises à Rome , Madrid, Kyoto , New York . L’ambition est à la fois mondiale et locale avec des ateliers pour les jeunes, des ciné-concerts, des performances, une médiathèque, des retraites d’artistes, un appart-hôtel de 80 chambres pour les professeurs, un collège Ferrandi pour 500 étudiants » détaille Fériel Fodil, passée par le Louvre Abu Dhabi et le château de Chantilly.

Un écosystème de musées

La Fémis, les Gobelins, le Forum des Images ou les Petits Débrouillards ont déjà été mis à contribution. La Villa s’inscrit dans un écosystème culturel de musées autour du cheval, des routes de l’encens, de l’archéologie, de la géologie, de l’art contemporain, complété par une future Mecque du land art, « Wadi Al Fann », dont on a eu un aperçu avec « Desert X », célèbre biennale américaine qui a délaissé Coachella (Californie) pour AlUla.

La France participe à la définition des contenus scientifiques. Pour le musée d’art contemporain, le Centre Pompidou apporte son expertise en matière d’acquisitions, de formation aux métiers de la conservation ou de la médiation et l’architecte Lina Ghotmeh, basée à Paris, en conçoit l’écrin .

« Cet environnement avec ces formes façonnées par la nature m’a beaucoup inspirée, de même que le rapport à la terre des communautés voisines. C’est un musée en écho à son territoire qui permettra différentes configurations spatiales, intimes ou monumentales » précise-t-elle.

Un Davos de la culture

Ce microcosme artistique a-t-il eu des états d’âme à travailler dans un pays où la liberté d’expression est sans cesse menacée ? « Si on regarde notre histoire ou celle des Etats-Unis, on peut y retrouver beaucoup d’injustices. Je crois à la construction d’un avenir meilleur par la culture, l’éducation, l’architecture » répond Lina Ghotmeh.

« Le soft power participe à changer la société et la prise de risque est mutuelle car j’aime aller là où on ne m’attend pas. Il y a encore beaucoup d’hypocrisie dans les médias occidentaux, on s’est mal comportés dans le passé et aujourd’hui, c’est confortable de donner des leçons » ajoute le plasticien en résidence Ugo Schiavi, dont les sculptures s’inspirent des ruines et des corps.

Pourquoi les Saoudiens ont-ils à ce point misé sur la France ? « C’est qu’ils nous perçoivent comme les plus légitimes en matière culturelle et touristique, quand les Anglo-Saxons leur semblent les partenaires naturels pour le reste » remarque un observateur. L’organisation fin février par l’agence française Afalula d’un Davos de la culture, en présence du Conseil international des musées (51.300 membres dans 130 pays), de l’Unesco et de 200 institutions internationales, en est une nouvelle démonstration.

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