Marie-Thérèse nous donne rendez-vous dans une librairie-salon de thé du 13e arrondissement de Paris. Elle se hâte, souriante, accompagnée de sa fille Xuân Lan. Elle est heureuse de raconter l’incroyable aventure qu’elle a vécue en février dernier avec le chorégraphe Angelin Preljocaj et sept autres danseurs de plus de 66 ans, sélectionnés pour participer à la création « Birthday Party » du spectacle Over Dance.
À près de 80 ans, la seule amatrice et doyenne de la troupe n’avait jamais dansé que le rock avec son mari. Ex-comptable de la Ville de Paris à la retraite, elle s’étonne encore de la chance d’avoir été retenue parmi tant d’autres candidats, au côté d’anciens danseurs professionnels ou semi-pro, et de la chanteuse Elli Medeiros. Tour à tour en survêtement, en armure stylisée, ou beaucoup moins habillée, MarieThérèse a relevé le défi avec la force d’une guerrière.Des souvenirs intenses, qu’elle savoure avec nous, avant la reprise de la tournée à la saison prochaine.
Qu’est-ce qui vous a poussée à intégrer la compagnie d’Angelin Preljocaj?
Marie-Thérèse Priou: C’est vraiment un pur hasard, je n’aurais jamais imaginé pouvoir danser un jour avec un grand chorégraphe! Je faisais déjà un peu de figuration dans des films ou des clips, encouragée par ma fille documentariste. Une directrice de casting nous a signalé l’audition pour la création d’Over Dance: elle était ouverte à tous, il fallait juste avoir plus de 65 ans. Je me suis dit « pourquoi pas? », et nous avons envoyé une petite vidéo de présentation montrant ma façon de bouger.
Combien de temps avez-vous consacré aux répétitions?
Marie-Thérèse Priou: Je parlerais plus de création que de répétitions car le ballet n’était pas écrit à l’avance. Tout s’est mis en place progressivement au fil des semaines, pendant plus d’un mois. Nous avons commencé à travailler à Reggio d’Émilie, en Italie, où nous avons rejoint l’autre partie de la troupe, avant de nous établir à Aix-en-Provence. Nous commencions toujours par une heure d’échauffement, avant de travailler ensuite cinq à sixheures par jour sur le ballet.
Et ce n’était pas trop éprouvant?
Marie-Thérèse Priou: Il nous a forcément fallu un temps d’adaptation mais au final tout le monde a dépassé sa fatigue ou ses douleurs. La compagnie nous a même proposé des séances d’ostéopathie! Très à l’écoute, Angelin Preljocaj a adapté la chorégraphie à nos capacités: par exemple, lorsqu’il m’a semblé impossible de passer en une seconde de la position allongée à la posture assise. J’en avais les larmes aux yeux et un danseur a signalé mon désarroi. Le passage a été changé et les autres participants, tout aussi embarrassés que moi, étaient bien soulagés! Mais la difficulté n’a pas été seulement physique. J’avais prévenu d’emblée que je ne retiendrai sûrement pas aussi vite les mouvements que les autres. Je n’avais jamais exercé ma mémoire dans ce sens et cela m’a demandé beaucoup d’efforts, comme pour me caler sur le rythme. Je n’ai pas non plus l’oreille très musicale!
Êtes-vous prête à reprendre la tournée? À vous lancer dans d’autres projets?
Marie-Thérèse Priou: Je révise chaque semaine les mouvements pour être prête le moment venu. On oublie vite! Nous nous revoyons avec les danseurs: nous avons vraiment le sentiment de faire partie d’une famille. En attendant la reprise du spectacle, je continue les castings, j’ai même eu le rôle principal dans un court métrage. C’est amusant, ma fille comme mon mari m’encouragent, je les sens admiratifs
La danse, ça vous tente?
À tenter: contactez votre mairie pour identifier les associations locales proposant des cours pour adultes débutants. Danse classique, contemporaine, ou même hip-hop, vous avez le choix!
À retrouver: le programme des ballets d’Angelin Preljocaj sur www.preljocaj.org
À méditer: « En France on parle de troisième âge. Comme le troisième mouvement d’une symphonie (…), il peut être magnifique: le plus beau moment de la symphonie. J’ai voulu faire comprendre que la vieillesse peut être aussi le plus beau moment de la symphonie de la vie. Le corps âgé permet des choses qu’un corps jeune ne pourra jamais faire. » Extrait d’une interview d’Angelin Preljocaj pour la chaîne You Tube Er Cultura d’Émilie-Romagne.
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