Danse : la passion Pietragalla

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L’année démarre en trombe pour l’infatigable Marie-Claude Pietragalla et sa compagnie Le Théâtre du Corps, forte de pas moins de cinq spectacles en cours de tournée dont le très attendu Giselle(s). L’occasion de voir ou revoir, aussi, ses versions très originales de La Leçon, sommet du théâtre absurde de Ionesco, et Dans la solitude des champs de coton, fameux texte de Bernard-Marie Koltès : deux créations emblématiques de cette recherche que l’ex-danseuse étoile et son mari, Julien Derouault, lui aussi passionné de poésie et de littérature, poursuivent main dans la main depuis vingt ans.

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Plus encore que chez William Forsythe ou Pina Bausch, chorégraphes connus pour avoir donné la parole à leurs danseurs dès les années 1970, leur approche pousse à son paroxysme la difficulté que l’exercice implique en matière de souffle, de rythme, de synchronisation à chaque mouvement. « Mais la beauté que cela apporte quand tu t’aperçois que par la danse le corps révèle l’inconscient du personnage », glisse Pietragalla.

Le tout premier CFA consacré à la danse

Dans ce registre singulier alliant danse de haut niveau et théâtre parlé, celle qu’on surnomme Pietra triomphe depuis 2019, dans La Femme qui danse, son solo en forme d’autoportrait, joué plus de 160 fois à ce jour. Elle y revisite son incroyable parcours d’« animal dansant », depuis ses débuts à l’opéra de Paris, marqués par des rencontres décisives avec Béjart, Noureïev et Patrick Dupond, jusqu’à son avènement en tant que danseuse-chorégraphe devenue farouchement indépendante… Un récit qu’elle teinte délibérément de mystère, d’humour et de gravité, le faisant résonner au gré de ces mouvements inouïs dont elle garde le secret à 60 ans. Mieux, par sa scénographie très technique, truffée d’effets visuels et de capteurs sonores qu’elle contrôle elle-même, le spectacle est un plaisir de chaque instant pour son interprète : « J’y suis comme une cheffe d’orchestre, dit-elle aujourd’hui. C’est sans doute celui où je me sens le plus libre et où je prends le plus de risques. »

Quand on la retrouve, début janvier, à son Théâtre du Corps, un banal entrepôt rénové en studio de danse au fond d’une courette à Alfortville, dans le Val-de-Marne, on peine à imaginer que cette figure de la danse faisait partie, la veille, du jury de l’émission Prodiges sur France 2 devant 3 millions de téléspectateurs. Dans ce lieu plus chaleureux que spectaculaire, qu’ils occupent depuis 2015, Pietragalla et son mari, Julien Derouault, ne sont pas des stars mais tout simplement des profs. Depuis deux ans, en plus de sa compagnie indépendante, le couple pilote en effet le tout premier CFA (centre de formation d’apprentis) consacré à la danse en France. Au quotidien, ils suivent et guident l’évolution d’une trentaine de jeunes âgés de 18 à 25 ans destinés, disent-ils, à devenir « artistes pluridisciplinaires du théâtre corporel et non des danseurs tout court ». Leurs apprentis sont, en conséquence, formés au classique, au contemporain, au hip-hop, mais aussi au clown, à l’acrobatie, au mime burlesque, au masque, aux arts martiaux, à la vidéo…

Parmi leurs élèves, on croise Lola, la fille unique de Marie-Claude et Julien. Après avoir caressé des rêves de cinéma, elle a décidé, à 19 ans, d’intégrer l’école de ses parents. On croise aussi le fougueux David qui, avant d’intégrer ce CFA, étudiait l’art dramatique à Montpellier. Maintenant, comme Lola, il apprend à tenir le rythme pour danser pas moins de trente-cinq heures par semaine et apprendre, au passage, la chorégraphie de Giselle(s), spectacle pour lequel il pourrait, en cas de besoin, servir de remplaçant… « Six des danseurs intégrés à la troupe de Giselle(s) sont issus du groupe des premiers diplômés sortis l’an dernier de notre école du Théâtre du Corps, indique Pietragalla. Et tous les autres ont trouvé du travail aussi : un d’entre eux a été recruté par Thomas Jolly, un autre par Mehdi Ouachek, d’autres encore ont fondé leur propre compagnie, comme Aloïs Leclet. » Codeur informatique devenu danseur, ça ne s’invente pas, ce dernier vient de monter Le roi est mort, une chorégraphie élaborée avec l’intelligence artificielle !

Également nommés, depuis 2021, directeurs artistiques du POC, scène municipale d’Alfortville pour laquelle ils programment danse, théâtre et cirque à l’année, Pietra et Derouault n’ont décidément pas beaucoup de temps pour souffler. À un tel rythme, on se demande quand ils trouveront le temps de répéter Pietragalla danse Barbara, spectacle consacré à la longue dame brune qu’ils annoncent pour fin 2024. Une chose est sûre : pas question pour ces deux-là de séparer la danse de la vie et de l’amour…

Alexis Campion

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