Benjamin Millepied revient à Paris : « La France, c’est chez moi, c’est là que tout a commencé »

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Le chorégraphe Benjamin Millepied a présenté le Paris Dance Project, dont il est le co-fondateur, mardi 30 mai 2023.
Le chorégraphe Benjamin Millepied a présenté le Paris Dance Project, dont il est le co-fondateur, mardi 30 mai 2023. (©ES / actu Paris)

Après un passage éclair à la tête de l’Opéra de Paris et des années d’aventures aux États-Unis, Benjamin Millepied est de retour en France. À travers son Paris Dance Project, qu’il a co-créé avec l’ancienne directrice de production de La Seine Musicale, Solenne du Haÿs Mascré, le danseur et chorégraphe lance un nouveau programme ancré en Île-de-France, et en particulier dans les Hauts-de-Seine. Un projet ambulant et protéiforme, à l’image du parcours de l’artiste, officiellement lancé mardi 30 mai 2023.

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Une expérience « des deux côtés de l’Atlantique »

Nomade, il confie l’avoir toujours un peu été. Par monts et par vaux depuis sa plus tendre enfance, Benjamin Millepied se dit « inspiré par les énergies créatives des villes. J’ai énormément appris de leurs spécificités culturelles », témoigne-t-il, sourire avenant et regard balayant l’assemblée sous l’immense verrière tapissée de livres multicolores de la majestueuse librairie 7L, création de Karl Lagerfeld

Né à Bordeaux d’une mère professeure de danse et d’un père musicien, Benjamin Millepied a dansé aux quatre coins du monde, de ses premiers pas dans le studio de sa mère à Dakar, puis au New-York City Ballet, où il devient danseur étoile, jusqu’à la cité des Anges où il fonde en 2012 sa propre compagnie, le LA Dance Project. Un défi dans cette ville « qui isole les individus, une ville où on vit soit dans sa voiture, soit dans sa maison. »

De retour en France, le célèbre chorégraphe s’explique : « Revenir à Paris, c’était justement sentir qu’après 30 ans [à l’étranger], la France, c’est chez moi, c’est là que tout a commencé. Ce que j’ai amené aux États-Unis vient de la culture française, et aujourd’hui, j’ai cette expérience des deux côtés de l’Atlantique ». Preuve en est : les inspirations cosmopolites du Paris Dance Project.

À l’Opéra de Paris, l’expérience d’un milieu élitiste

Pour mieux l’expliquer, Benjamin Millepied se livre à un rapide retour en arrière. Confronté au besoin de renouveler le public face à la désertion lente mais régulière des salles de spectacle au tournant des années 2000, l’artiste nourrit de grands projets pour le ballet de l’Opéra de Paris lorsqu’il arrive à la tête de la compagnie en 2014.

« Je me suis retrouvé avec une organisation qui ne me semblait pas représentative de la France et de la société aujourd’hui, qui créait des œuvres qui n’étaient que pour une petite partie de la société. On a commencé un travail de transformation, afin de créer une troupe plus diverse, on a invité des artistes pour qu’il y ait un foisonnement » retrace l’ex-directeur de l’Opéra.

À peine commencée, l’expérience se termine en 2016. De retour au LA Dance Project, le chorégraphe développe, outre la partie chorégraphique, des résidences pour de jeunes artistes et des projets éducatifs.

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La danse, « une thérapie »

Les premiers germes d’une petite sœur francophone se dessinent, et se concrétisent grâce à la rencontre avec Solenne du Haÿs Mascré, lors de sa création « Roméo et Juliette Suite« , enfin donnée à la Seine Musicale après quatre reports dus au Covid.

Ensemble, les deux fondateurs partent d’un constat : « on s’est demandé où il y avait un besoin de mettre de l’énergie dans la danse à Paris. » Parmi les fondements symboliques du projet, l’éducation par la danse.

« Elle a été comme une thérapie pour moi », confie Benjamin Millepied. « C’est un endroit où j’ai pu exprimer mes émotions, qui m’a beaucoup aidé et qui m’aide encore aujourd’hui. Je redécouvre à quel point la danse fait du bien », insiste l’artiste qui s’apprête à remonter sur scène en tant que danseur après 13 ans d’absence, aux côtés du pianiste Alexandre Tharaud au théâtre des Champs-Élysées en juillet 2023.

Ce pan du Paris Dance Project a d’ailleurs déjà commencé avec une quinzaine de jeunes de l’établissement Saint-Philippe aux Apprentis d’Auteuil. « C’est un endroit qui reçoit 600 jeunes, parmi ceux qui sont les plus en difficulté dans le département des Hauts-de-Seine, ainsi que des jeunes réfugiés. J’ai commencé à développer une pédagogie singulière, je vais en studio, j’expérimente avec eux pour libérer les corps par le mouvement et la création. C’est une façon de leur donner une plus grande confiance en eux pour affronter la vie et tous ses challenges », détaille l’artiste, qui espère déployer ce projet dans toute l’Île-de-France.

Accompagner les chorégraphes de demain

Plus largement, le Paris Dance Project nourrit l’ambition de rendre cet art accessible partout et pour tous, notamment en accompagnant les talents émergents de la chorégraphie. « Nous sommes convaincus que dans une dizaine d’années, les artistes auront créé des témoignages de leur temps, avec leurs créations », lance le chorégraphe. Un campus chorégraphique de 900 m² doit voir le jour en 2024 au Hangar Y, et accueillir chaque année 5 à 7 jeunes chorégraphes.

Anatole Hossenlopp fait partie des premiers jeunes chorégraphes à participer au Paris Dance Project.
Anatole Hossenlopp fait partie des premiers jeunes chorégraphes à participer au Paris Dance Project. (©ES / actu Paris)

Des « carnets d’esquisse » seront également proposés à des chorégraphes émergents, qui présenteront tous les premiers jeudis de chaque mois leur travail au musée d’Orsay ou à la librairie 7L. « Ce sont des moments où on peut présenter un temps de recherche, ce n’est pas encore le temps du spectacle, mais celui de la création », détaille Solenne du Haÿs Mascré.

« Mettre des artistes là où on ne les attend pas » 

Le Paris Dance Project se vivra aussi dans la rue, à travers une collaboration avec la Philharmonie de Paris. « Ce sera la Ville dansée : une dizaine de commandes chorégraphiques qui seront dans des lieux spécifiques, symboliques ou historiques. C’est une nouvelle manière de découvrir la ville. On veut mettre des artistes là où on ne les attend pas », abonde Benjamin Millepied. 

Venus donner corps à ces propos, trois artistes ont interprété une de leur pièce, chaque chorégraphie dialoguant avec une création plastique, tableau, toile ou draperie. Le premier acte est lancé. Rendez-vous les 1er juin à la Philharmonie de Paris, 3 juin au Hangar Y et 4 juin au centre Poush d’Aubervilliers pour découvrir les créations des sept chorégraphes émergents, premiers ambassadeurs d’une future série d’artistes estampillés « Paris Dance Project ». 

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