« Tout le globe était là. C’était coloré et musical. » C’est ainsi que Kiki de Montparnasse, modèle et muse des artistes de la mal nommée « Belle Epoque », née – enfant illégitime – Alice Prin à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or) en 1901, élevée à la dure et coutumière dès son enfance du froid, de la faim et de la vache enragée, raconte sa vie parisienne dans ses Mémoires, préfacés par Ernest Hemingway, pour qui, aussi, Paris était une fête.
C’est ce qu’entend montrer la dernière exposition d’une trilogie commencée par Christophe Leribault avant son départ pour la présidence du Musée d’Orsay : après « Paris romantique (1815-1858) » en 2019, et « Paris 1900, la ville spectacle » en 2014, le Petit Palais évoque « Le Paris de la modernité (1905-1925) ». Annick Lemoine, qui a pris la direction du lieu, parachève ainsi le programme de son prédécesseur en y ajoutant sa patte, avec une scénographie moins présente, des œuvres plus variées quant à leur nature.
Il fallait en effet oser faire cohabiter des tableaux de Matisse, de Picasso ou de Modigliani, des robes de Paul Poiret ou de Jeanne Lanvin, des bijoux de la maison Cartier, avec un aéroplane (Deperdussin type B, de 1911), une automobile Bébé Peugeot de 1913 et ce qui est sans doute le premier vélo pliant (système Gérard de 1895, modifié en 1912) ! Quatre cents pièces en tout qui, à travers la peinture, la sculpture, le dessin mais aussi le cinéma, la photographie, la danse, le design ou l’architecture, racontent une histoire complexe, rafraîchissante souvent, glaçante parfois, un peu folle toujours.
L’âne Lolo
Pour ce qui concerne l’histoire de l’art, l’exposition débute avec le scandale dit « de la cage aux fauves », lors du Salon d’automne de 1905. Le mot est dû à un critique, Louis Vauxcelles, qui, voyant de charmantes et anodines sculptures d’Albert Marque (1872-1939) entourées des tableaux aux couleurs stridentes de Matisse, de Derain, de Vlaminck, de Manguin ou de Camoin a ce cri du cœur : « C’est Donatello parmi les fauves ! » Le musée a reconstitué comme il le pouvait l’accrochage d’origine, ou du moins son esprit, et on ne peut que saluer la clairvoyance du confrère : c’est en effet un nouveau monde qui s’ouvrait et rugissait là.
Toute une jeunesse arrivant du monde entier va s’y engouffrer. La France vient d’adopter la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Pour les juifs d’Europe de l’Est venus, souvent à pied, de leur shtetl et fuyant les pogroms, pour les Noirs américains soumis à la ségrégation, ou plus tard leurs amis blancs qu’indispose la Prohibition, pouvoir vivre, fauchés mais libres pour les premiers, sans crainte d’être émasculés et pendus pour les seconds qui auraient eu le malheur de regarder une femme blanche, et boire jusqu’à plus soif pour les autres – tous les autres –, oui, Paris était une fête. Même les lièvres y sont heureux, comme celui peint sur l’enseigne du célèbre cabaret montmartrois Au lapin agile, qui, pour mériter sa réputation, jongle avec une bouteille en dansant dans sa casserole en cuivre…
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