Ceux qui les aiment ont pris le train. Ou l’avion. Pour être auprès de Ghislaine Thesmar, sa muse, et pour dire adieu à Pierre Lacotte, décédé le 10 avril à 91 ans. Venus de la Scala de Milan, Manuel Legris et Dominique Meyer, de Munich où il dirige le Ballet, Laurent Hilaire, de Moscou, Katia Novikova qui veille sur la danse au Bolchoï, Sylvie Guillem des Alpes où elle s’est retirée, Angelin Preljocaj d’Aix en Provence, Marie-Agnès Gillot d’Houlgatte, Hugues Gall et Éric Vu An de Nice, tous étaient là ce vendredi à 14h à l’église Saint Roch où s’est tenue la cérémonie religieuse.
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Tous et bien d’autres encore : à l’École de danse, Elisabeth Platel avait fermé les classes, et les professeurs étaient là, ainsi qu’une pléiade d’étoiles, Jean-Guillaume Bart, Agnès Letestu, Dorothée Gilbert, Hugo Marchand, Marc Moreau, Elisabeth Maurin. Et Gilbert Meyer, qui a travaillé avec Gustave Ricaux comme Lacotte qui avait juste deux ans de plus que lui… L’Olympe de la danse se trouvait rassemblé, celui qui, d’une génération à l’autre transmet les raffinements de l’école française, celle que Pierre Lacotte incarnait à lui seul.
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Brigitte Lefèvre avait veillé sur l’organisation d’une main sensible et efficace. Le corps de Pierre a remonté la nef porté par quelques-uns de ses danseurs favoris: Cyril Atanassov, Gil Isoart, Manuel Legris, Laurent Hilaire, Karl Paquette et José Martinez. Dans le chœur, des dizaines de couronnes de fleurs en blanc et vert. Le blanc des lys, des roses, des lilas, des œillets, tressés au feuillage. Sur l’une d’elles se lisait le nom de Sergei Filin, directeur du ballet du Bolchoï qui lui avait commandé La Fille du Pharaon. Pierre Lacotte et Ghislaine Thesmar ont toujours su imposer dans leurs manières et leur danse la plus exquise élégance. Elle imprégnait jusqu’à leurs disputes. Réputés pour l’intelligence de leur coaching, ils faisaient souvent travailler des danseurs. On les voyait alors ferrailler l’un contre l’autre, faisant assaut d’humour et de précision, mais toujours en se vouvoyant.
José Martinez, directeur du ballet de l’Opéra de Paris, a ouvert la cérémonie avec un premier hommage. Celui d’un danseur qui a été nommé étoile dans La Sylphide de Pierre Lacotte, a dansé son Paquita, commandé par Brigitte Lefèvre, si redoutablement difficile que les danseurs l’avaient surnommé «Pas-qui-tue». «Vous avez été pour nous un guide, un maître, et un repère et pour certains d’entre nous un père», s’est souvenu José Martinez. Il a également rappelé son «amour vibrant» de notre art, son engagement d’archéologue de la danse, ressuscitant les ballets perdus et promis qu’ils resteraient liés au répertoire de l’Opéra de Paris.
Ballets d’autrefois
Brigitte Lefèvre a pris la parole à son tour rappelant qu’enfant, elle avait rencontré la mère de Pierre Lacotte. Celle-ci lui avait expliqué que Pierre était à New York à découvrir la danse moderne. Une curiosité qui l’avait mené à devenir l’incessant chercheur de la danse du XIXe siècle. Exigeant sur chaque détail, chaque pas, chaque costume, chaque décor qu’il dessinait lui-même à partir de gravures, il avait réussi à mettre au goût du jour ces ballets d’autrefois! Brigitte Lefèvre évoquait aussi leurs échanges passionnés au moment de décider des distributions: «Il adorait les danseurs tout en critiquant chacun, on donnait ce qu’il y avait de mieux en riant beaucoup». Anne Salmon, complice de Pierre Lacotte, qui a fait l’essentiel de sa carrière de danseuse avec lui, rappelait son goût du Beau, «une raison venue de Dieu.»
Dans son homélie, le père Luc Reydel, aumônier des artistes à Saint Roch, ouvrait les bras à l’assemblée des danseurs: le temps où l’église les condamnait n’est plus. Et de rappeler la danse de David, devant Dieu, de toute sa force pour exprimer sa joie. À la sortie, puis sur les marches, les applaudissements crépitèrent pour Pierre Lacotte, une dernière fois. Et ceux qui le connaissaient bien le revirent entrer sur scène pour les saluts, élégant, en costume et cravate, l’œil frisant de malice, la joie au cœur, tenant les mains de ses danseurs qu’il remerciait ravi, enfin heureux du travail accompli avant de se jeter dans une nouvelle aventure. Bravo l’artiste !
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