Au quai Branly, un solo de danse engagé venu de l’Australie aborigène

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C’est l’histoire d’une compagnie de danse implantée à Broome, petite ville du nord-ouest de l’Australie. Marrugeku est codirigée par la dramaturge Rachael Swain et la danseuse Dalisa Pigram, et réunit des artistes à la fois aborigènes et non aborigènes. Leur motivation ? Bâtir des ponts entre les cultures traditionnelles et urbaines, locales et globales. Et transmettre, par la danse, la richesse d’identités aux racines variées, issues de la culture aborigène mais aussi de différentes vagues d’immigration. « À Broome, explique ainsi Dalisa Pigram, les personnes que je connais sont fières de leur héritage culturel mixte. Il reflète notre histoire riche et unique, Broome ayant été exclue de la White Australia Policy en raison de l’industrie perlière (aujourd’hui complètement démantelée, la  ‘politique de l’Australie blanche’ a longtemps interdit l’immigration de certaines populations et, par ce biais, empêché la mixité des cultures, ndlr). » Dalisa Pigram s’est notamment inspirée pour sa chorégraphie des arts martiaux malaisiens, Broome ayant connu du fait de l’industrie perlière une forte présence malaisienne, mais aussi japonaise, philippine et thaïlandaise.

Gudirr Gudirr, Marrugeki

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Gudirr Gudirr, Marrugeki

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© Heidrun Lohr

« Cependant, il m’arrive de m’inquiéter pour la jeune génération qui a parfois du mal à affirmer son identité et à trouver sa place dans le monde contemporain. » C’est la raison d’être de « Gudirr, Gudirr », solo de danse d’une durée d’une heure, accompagné d’images vidéo. L’artiste a souhaité prendre acte de « l’urgence de préserver la langue et la culture », mais aussi réagir à la vague de suicides qui a affecté la jeune génération de la région de Broome : « En un seul mois en 2010, sept jeunes se sont suicidés et le plus jeune n’avait que 13 ans. » Seule sur scène, Dalisa Pigram affronte par ses gestes habités un passé difficile, marqué par la violence de la colonisation, et confronte un présent encore très fragile, habité tout à la fois de colère et de résilience, en tâchant d’esquisser le visage d’une identité plurielle, forte, résistante.

Vêtue simplement d’un débardeur et d’un pantalon de danse, l’artiste interagit avec un élément de décor imposant, sorte de tissage de cordes vertical qui prend la forme d’une chevelure, d’une échelle, d’une balançoire… Propice aux plus vertigineuses acrobaties, l’accessoire devient presque, au fil du spectacle, une extension de Dalisa Pigram, miroir de ses humeurs, de ses tensions. Le décor joue également avec des projections vidéos où des mots apparaissent ; les langues anglaises et aborigènes alternent, comme dans la bouche de la danseuse, qui va jusqu’à crier à pleins poumons… Notons qu’elle-même est très sensible à la langue : de culture aborigène (Yawuru et Bardi), Dalisa Pigram enseigne le yawuru dans une école primaire afin d’en préserver la diffusion et l’identité.

Gudirr Gudirr, Marrugeki

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© Heidrun Lohr

Récompensé par deux prix, un Australian Dance Award (Outstanding Achievement in Independent Dance) et un Green Room Award (Best Female Performer), le spectacle s’accompagne d’une création vidéo visible dans le foyer du théâtre. Réalisée par Vernon Ah Kee, celle-ci dure 22 minutes et a été filmée dans la région de Broome, le Kimberley. Trois écrans, disposés en triptyque, mêlent les images d’une performance de Dalisa Pigram enregistrée en 2019 avec des textes dénonçant les abus subis par les populations aborigènes, ancrant son corps, ses gestes et son engagement dansé dans une lutte très politique. À l’instar de son solo, cette installation vidéo laisse entrevoir une colère immense, et l’espoir d’un éveil des consciences. Une puissante introduction à un spectacle qui tourne dans le monde entier depuis maintenant dix ans.

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Spectacle « Gudirr, Gudirr »

Les 9, 10 et 11 juin 2023

Tarif plein : 20 €

Tarif réduit : 15 €

Durée : 1 heure

Pour en savoir plus et acheter vos billets

L’installation vidéo associée est visible gratuitement du 3 au 11 juin 2023 dans le foyer du théâtre Claude Lévi-Strauss

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Musée du quai Branly – Jacques Chirac

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