Au festival June Events, la danse ne retient plus son souffle

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« This Is Not (An Act of Love and Resistance) », d’Aina Alegre, au Cultuurcentrum de Bruges, en Belgique, en décembre 2022. « This Is Not (An Act of Love and Resistance) », d’Aina Alegre, au Cultuurcentrum de Bruges, en Belgique, en décembre 2022.

Haleter fort, expirer à fond, cracher ses poumons, mais aussi chuchoter, murmurer… Cette gamme sonore mouvante soulève par vagues le spectacle This Is Not (An Act of Love & Resistance), d’Aina Alegre, qui a ouvert en fanfare, mardi 30 mai, le festival June Events, piloté par l’Atelier de Paris. Avec ses neuf « travailleuses de l’air » en action, dont trois trombonistes et une tubiste, la chorégraphe, qui enracine sa recherche depuis dix ans sur le souffle profond comme « extension et résonance du corps dans l’espace », a emporté le public dans une tornade joyeusement insurrectionnelle et subtilement féministe. « J’ai eu un mal fou à trouver des joueuses de trombone et de tuba », confie-t-elle.

Pour sa première pièce grand format, Aina Alegre, codirectrice, avec Yannick Hugron, du Centre chorégraphique national de Grenoble, comédienne par ailleurs, enfonce le piston pour élargir encore sa palette. Les danseuses parlent, et les musiciennes dansent, et ce petit monde des « poumonautes » – un terme emprunté au journaliste scientifique James Nestor, auteur du livre Breath (« souffle », Penguin Group, 2021, non traduit) sur la respiration et son impact sur la santé humaine – fait ventilation commune. « A l’origine, il y a l’envie de comprendre d’où vient le geste et comment il circule, souligne-t-elle. Je travaille beaucoup sur le saut et sa répétition qui s’appuie sur la respiration et la voix. Elles rythment nos mouvements, dont elles deviennent la musique tout en donnant une consistance à l’air. »

Alliances insolites

Cette forme opératique inhabituelle qu’est This Is Not (An Act of Love & Resistance) donne la tonalité globale de la 17e édition de June Events. Sur la vingtaine de spectacles à l’affiche, une douzaine tricote des alliances insolites entre le geste et la voix. « La jeune génération a envie de profiter de l’ensemble des possibles du corps, insiste Anne Sauvage, directrice du festival. Et c’est, selon moi, l’expression d’une affirmation et d’une revendication, en particulier chez les femmes qui sont très nombreuses sur ce terrain. » Elle accompagne ainsi parallèlement ce désir par des master class avec ce qu’elle appelle des « accoucheurs de voix », comme Meredith Monk, Vincent Dupont, Dalila Khatir ou Jean-Baptiste Veyret-Logerias. « Ils aident les chorégraphes à trouver la leur et à l’explorer sous toutes ses formes, de la parole au chant, et jusqu’aux cris d’oiseau chez Joana Schweizer. »

Déjà entendu ça quelque part ? Rien de vraiment neuf sous le soleil de la danse contemporaine. Pina Bausch, Maguy Marin, Jean-Claude Gallotta, Georges Appaix – pour n’en citer que quelques-uns – ont sorti depuis longtemps le danseur de son bocal pour lui ouvrir le micro. Mais cet élan libérateur et ce besoin d’un corps plein connecté à sa complexité intime se colorent aujourd’hui de nuances esthétiques et sociétales différentes. Entre l’étouffoir de la pandémie de Covid, l’urgence écologique, la tendance « spectacle total » très présente sur les plateaux, l’outillage multiple et sophistiqué des interprètes et leur goût aiguisé pour la performance, de nouveaux récits et écritures jaillissent.

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