«Extra-ordinaire» chez Schiaparelli, gracieuse chez Issey Miyake, technologique chez Coperni… Tous les styles sont sur les podiums des défilés du printemps-été 2024.
Kylie Jenner, Jared Leto, Michelle Yeoh, Adèle Exarchopoulos, Philippine Leroy-Beaulieu, Rosalia… Les VIP aiment Schiaparelli et vice versa. Ce soir-là, la rue de Varenne est fermée à la circulation afin d’accueillir tout ce beau monde à l’ambassade d’Italie, où a lieu le second défilé de prêt-à-porter de Daniel Roseberry. Comment décliner l’univers haute couture spectaculaire de la griffe en une silhouette plus quotidienne ? Le designer texan a la réponse : « Prenez quelque chose d’ordinaire, et rendez-le extraordinaire. » Soit la philosophie d’Elsa Schiaparelli, qui, en 1927, faisait réaliser un pull au nœud en trompe-l’œil très surréaliste qui devint son premier succès. Seulement, à une époque où tout le monde veut être « extraordinaire », peut-on encore se distinguer ? Ici, les mannequins sont très « femme » dans leur tailleur boléro brodé au fil d’or, jupe fendue lestée de « lucky charms », et sac Schiap à fermoir Trou de Serrure (signature maison). Un genre de tailleur-sari bleu ciel à la dégaine exotique étrange croise un jean de cow-boy extra-large (très beau). Une veste est décorée « du contenu d’un sac de femme » (un bijou, un rouge à lèvres, des cigarettes, un vernis à ongles comme renversé sur la laine). Le homard de Schiap-Dali s’accroche au plastron d’une robe bustier en velours noir, ou sur l’entrejambe d’une jupe en jersey froncé (rappelons que le crustacé avait déjà cette symbolique sexuelle pour le peintre catalan). Le mètre ruban (encore un héritage d’Elsa) surligne le revers d’une veste marine à rayures blanches. Les escarpins comme les tennis (façon Converse) prennent la forme des orteils moulés en doré. Kendall Jenner, les cheveux gaufrés en socialite américaine vintage, clôt ce « petit » défilé de 36 silhouettes dans une robe bustier tout de faux ongles carmin… Il y a certes les fameux codes maison et l’idée du « vestiaire, “facile” qui doit faire sensation », mais il nous manque cette spiritualité, cette impertinence, cette vivacité qui emporte le vêtement. Et le show tout simplement.
Pourquoi la fille Isabel Marant est-elle si triste ? Tout avait pourtant bien commencé. En coulisses, quelques minutes avant le show, la cultissime créatrice et Kim Bekker, sa directrice artistique, présentent à quelques journalistes les inspirations de la collection : « Nous avions envie de légèreté, de poésie et de féminité, expliquent-elles à l’unisson. D’où ces tissus aériens, fluides pour une silhouette épurée, plus élancée. » Sur le panneau où sont épinglées les photos des mannequins dans leur look, on remarque les micro shorts d’été dont la marque a le secret, les jupes et pantalons de Grease à « jeter sur son maillot de bain en sortant de la plage », dit la Parisienne de sa gouaille légendaire. Son chic joyeux et tout en jambes est bien là sur le papier. Mais sur le podium, c’est plus compliqué. La musique est (trop) lente, la scénographie (trop) sombre, les filles tirent la tête et sont loin de chalouper dans leurs nuisettes en dentelle, fourreau en crêpe souple comme du jersey, réchauffés de parkas en nylon effet soie, petits blousons de cuir épaulés, perchées sur de grosses sandales à semelle de bois compensé. L’été 2024 manque de substance et c’est dommage, car tant de pièces phare de la carrière d’Isabel Marant fonctionneraient telles quelles en ce moment.
Arrivant en retard au show Issey Miyake, on remarque tardivement qu’on se rend au campus Censier de la Sorbonne Nouvelle, là même où l’on a ciré les bancs jadis. En pleine réaffectation, la fac accueille durant la période transitoire l’espace Césure, où ont lieu des conférences, des spectacles de danse, une cantine, etc. Le show vient juste de commencer dans cette ancienne salle de cours traversée par la lumière où des danseurs et des musiciens interagissent avec des voiles géantes de papier washi plissé. Le moment est gracieux et captivant, comme cette très jolie collection de l’été 2024 signée Satoshi Kondo. Le directeur artistique, avec toute la délicatesse japonaise, s’inscrit dans les pas du maître Miyake notamment par la recherche de fibres textiles innovantes tout en cultivant sa petite musique personnelle. La construction des robes drapées en maille vient d’un fil de coton à haute tension, les chemises vrillent par le biais d’un tissage torsadé, les imprimés sont réalisés à partir de tirages argentiques exposés à la lumière. Les costumes souples assortis à des trenchs, tout monochromes sont faits de papier washi, lin et nylon – en noir, ils évoquent la silhouette d’un autre grand Japonais, Yohji Yamamoto, avec une vibe presque berbère. Le charme opère.
La saison dernière, le jeune Harris Reed, qui venait de reprendre la marque Nina Ricci, nous laissait sur le côté de la route avec son défilé hystérique de looks de red carpet tendance queer. Cette fois, il calme le jeu avec une scéno plus sobre, une Soko chantant en live joliment et toujours ce casting de poids plume comme de filles bien en chair. Le garçon ne renie évidemment pas ses goûts ni son esthétique – c’est pour ça que la marque de L’Air du Temps est allée le chercher – mais il met de l’eau dans son Espresso Martini, du « chic parisien » (du moins, un fantasme de chic parisien) dans sa garde-robe. À l’instar de ce smoking oversize en velours bleu ciel (allusion aux colombes du flacon best-seller ?) et à ce fourreau Opéra piqué de plumes noires.
« Elle arrive, elle arrive ! » s’exclame notre voisin, un petit garçon assis sur les genoux de sa mère, au défilé Victoria Beckham. Cela fait plus de trente minutes que le bambin patiente gentiment mais sentant l’excitation des gens à l’arrivée de Kim Kardashian (qu’il ne connaît pas, et heureusement), il sort de sa réserve. La vedette de téléréalité et entrepreneuse à succès apparaît dans une longue nuisette rose, accentuant sa fameuse cambrure. Elle prend place à côté d’Anna Wintour et de la famille Beckham. Le défilé peut commencer. Pour son troisième show à Paris, la femme de David dévoile une fois de plus de très beaux vêtements… mais toujours un peu alambiqués, comme si ces détails – une robe dont l’ourlet est replié sur le devant, un top qui reproduit la taille d’un pantalon porté devant derrière – apportaient un surplus de créativité l’autorisant à figurer sur le calendrier de Paris. On préfère l’efficacité de ses costumes anglais fort bien faits, des bodys en laine dont dépasse une culotte en voile affriolante, assagis par de gros cardigans, chaussettes hautes et derbys. Les robes du soir en satin de soie pincé à la taille font tout aussi envie. Kendall Jenner clôt le show dans un complet pyjama en voile transparent, des lunettes à grosses montures sur le nez. La fratrie Kardashian-Jenner produit toujours son petit effet.
Noir c’est noir… Mais il y a encore de l’espoir, chez Yohji Yamamoto. À bientôt 80 ans, le Japonais continue de fasciner ses (nombreux) fans. Dans les salons de l’Hôtel de ville, il joue avec les proportions, les superpositions et les transparences sur des robes sophistiquées, des costumes parés de dentelle, et autres chemisiers d’organza ornés de pois (un clin d’œil à sa compatriote Yayoi Kusama ?). Le tout, en noir, forcément. « Lorsque je crée, je veux toujours trouver quelque chose de nouveau à raconter, explique-t-il en coulisses. Je ne regarde jamais en arrière. Cette saison, j’avais en tête les codes des grands couturiers, Coco Chanel, Hubert de Givenchy et Cristobal Balenciaga. » Et nous, ceux du maestro Yohji, qui, malgré les années, trouve encore le moyen de nous étonner.
Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant, le duo de Coperni, en ont fini avec les robes en spray et autres chiens robots dont les mises en scène virales des deux dernières saisons les ont mis sur orbite. Ce défilé de l’été 2024, plus formel mais aussi plus abouti, car centré sur le vêtement, a lieu dans les sous-sols de l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique/musique) où l’on accède par de longs escaliers qui s’avèrent un parcours d’obstacles pour les demoiselles en talons, fans de la marque. « L’Ircam, qui a ouvert ses portes en 1977, est à la musique ce que le Centre Pompidou est à l’art, expliquent-ils. Nous avons participé à une résidence dans ce lieu consacré à la création musicale et à la recherche scientifique, avec u.r.trax (la jeune DJ de 19 ans Inès Boullant, NDLR) qui a composé la bande originale du show à partir des sons du tissu, des machines à coudre pendant la conception de cette collection. Nous voulions faire “parler” le vêtement, au-delà de l’image. » De petites enceintes reproduisant la musique du show sont greffées sur un adorable blouson en cuir, les boîtiers carrés fixés au revers des vestes parfaites sont les assistants numériques Humane AI Pin, basé sur l’intelligence artificielle, (développés par deux ex-geeks d’Apple). Au sens propre comme au figuré, les chemisiers à manches extra-longues, les pantalons moulants et au cordeau, les minirobes drapées en dentelle sexy à souhait « parleront » au cœur des femmes, au-delà d’Instagram.
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