Un souffle contemporain très classique : la saison danse s’ouvre à l’Opéra de Paris

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Passé le gala d’ouverture réservé aux mécènes, place au lancement officiel de la nouvelle saison de l’Opéra de Paris. Après l’éclatant défilé de la compagnie, moment rare et toujours très attendu, c’est sous le signe de la création contemporaine que le public a retrouvé les danseurs vendredi 4 octobre 2024.

Trois chorégraphes se partagent la scène : côté américain, des pièces réunissant le maître William Forsythe, et l’élève My’Kal Stromile ; côté suédois Johan Inger signe sa première collaboration avec la compagnie. Quatre œuvres de durée moyenne, limitant le nombre de danseurs en scène : un format malléable qui permet une reprise en douceur tout en mettant en valeur les interprètes, et rend hommage à la pure technique classique.

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Du classique remixé dans Word for Word

Premier à passer la rampe, le danseur et chorégraphe américain My’Kal Stromile, avec sa création Word for Word. À l’image de son mentor William Forsythe, l’artiste cherche à réinventer le langage classique. Lui le métisse par sa pratique de la danse moderne, contemporaine ou encore du hip-hop.

Sur une musique de piano synthétisé, les cinq danseurs jouent avec les positions classiques, se lancent dans des enchaînements virtuoses, où la petite batterie et la précision du bas de jambe sont contrebalancées par l’onctuosité de mouvements en spirales. D’une variation à l’autre, on retrouve toutes les références du ballet : pas de deux, révérence, allegro…

Word for word est la première création du chorégraphe My'Kal Stromile pour l'Opéra de paris.
Word for word est la première création du chorégraphe My’Kal Stromile pour l’Opéra de paris. (©Agathe Poupeney – Opéra national de Paris)
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Un casting multi-étoilé vient défendre cette première création pour la maison. On suit avec plaisir chaque interprète, pour ses qualités propres : Valentine Colasante, puissante et impeccable, Hannah O’Neill, précise, solaire, les pointes alertes, Guillaume Diop, qui enchaîne sauts vertigineux et gestes suspendus avec un plaisir évident. Jack Gasztowtt et Rubens Simon se démarquent aussi, le premier plus en force, le second vif et léger.

Est-ce la musique un peu trop abstraite, la profusion de pas mis sous nos yeux ? Passée la première moitié, la pièce de 12 minute a tendance à s’auto-saturer, et l’attention du spectateur divague. On la rattrape pour l’image finale, simple et efficace : deux silhouettes marchant lentement, les corps en ombre chinoise se détachant sur les dorures du petit foyer, bijou architectural caché par un rideau en fond de scène.

Rearray, réécriture d’un défi

Place ensuite à un défi : se réapproprier une pièce créée en 2011 pour le mythe Sylvie Guillem. Rearray, composé par William Forsythe sur la danseuse phénomène accompagnée par le charismatique Nicolas Le Riche, se réinvente cette fois-ci avec un trio, William Forsythe ayant, comme le nom de la pièce l’indique « réarrangé » sa partition pour ces nouveaux danseurs.

Roxane Stojanov impériale dans
Roxane Stojanov impériale dans « Rearray », de William Forsythe. (©Ann Ray – Opéra national de Paris)

Tantôt sur une musique sérielle plutôt austère, tantôt au simple son de leur respiration, les trois interprètes se livrent à une succession de micro-variations. Roxane Stojanov (qui assure seule toute les dates après la blessure de Ludmila Pagliero) est l’élément pivot de cette mise en scène. Sûre d’elle, séductrice, elle pousse plus loin que son corps longiligne chaque mouvement, jusqu’au bout d’un poignet, d’un développé. Impressionnante et solide, elle captive l’auditoire, tout en maîtrise. Autour d’elle, Takeru Coste et Loup Marcault-Derouard sont dans leur élément. On remarque en particulier les sauts félins, souples et silencieux, du second.

Reprise réussie de Blake works I

Le vrai morceau de résistance arrive avec Blake works I. Créée en 2016 pour l’Opéra de Paris, cette exploration chorégraphique sur sept chansons électros tirées de l’album The Colour in anything de l’artiste britannique James Blake avait rencontré un beau succès à sa création. Cette reprise, avec une nouvelle génération aux manettes, fonctionne toujours très bien.

Dans une atmosphère de fausse décontraction, où les déhanchés pulsés trustent l’ambiance planante des morceaux, les danseurs tout de bleu vêtus enchaînent mouvements de groupes et variations pour un, deux, trois, quatre, sept.

Hohyun Kang et Germain Louvet dans
Hohyun Kang et Germain Louvet dans « Blake works I ». (©Ann Ray – Opéra national de Paris)

Voir l’une après l’autre deux pièces aussi différentes de William Forsythe permet de prendre la mesure de sa riche palette chorégraphique. Après la quête chirurgicale des limites corporelles dans Rearray, c’est un fil plus narratif et détendu qui habite Blake Works I.

Des références pop se mêlent à des postures classiques. Un pas-de-deux balance entre l’amour et la rupture. Une battle finale départage les danseurs. Concentré d’énergie et danse incisive, Inès Mcintosh se démarque, tout comme la facile élégance d’Hoyun Kang. Au milieu des groupes d’hommes, le brillant Shale Wagman, qui a rejoint il y a peu la compagnie, irradie sur scène, tandis que Paul Marque livre une variation inspirée et libre. Le temps file, on en redemande, mais déjà la musique s’arrête.

Impasse, l’énergie du désespoir ?

La grande surprise de la soirée viendra du dernier ballet, Impasse, de Johan Inger, figure marquante du Nederlands Dans Theater. On y suit les aventures d’un trio (Ida Viikikonski, Andrea Sarri et Marc Moreau) sortis l’un après l’autre d’un simple chalet de bois. « Trois danseurs en paix avec eux-mêmes, entre eux, avec leur environnement et le paysage », détaille Johan Inger. Construite sur des musiques d’Ibrahim Maalouf et d’Amos Ben-Tal, la danse est libérée, fluide, poétique, emprunte d’une gestuelle imagée et généreuse dans l’espace.

Impasse est la première oeuvre de Johann Inger à entrer au répertoire de l'Opéra de Paris.
« Impasse » est la première œuvre de Johann Inger à entrer au répertoire de l’Opéra de Paris. (©Agathe Poupeney – Opéra national de Paris)

Peu à peu rejoints par des personnages plus fantasques ou mystérieux, les trois danseurs se prennent au jeu et se mêlent à leurs rondes. La quiétude et la simplicité des débuts se muent en une frénésie colorée, de plus en plus survoltée. À mesure que le temps passe, la maison rapetisse, l’horizon des danseurs se réduit, l’atmosphère devient plus fiévreuse.

Pensée pour les jeunes danseurs du Nederlands Dans Theater (NDT2), la pièce interroge la voracité de l’être humain, toujours attiré par l’herbe plus verte du pré d’à côté, avec en filigrane une préoccupation sur l’avenir de notre planète et la question du point de non-retour. Des sujets plutôt sombres, qui se traduisent pourtant par un concentré joyeux, dans lequel le petit groupe de quinze danseurs rayonne. Est-ce l’énergie du désespoir ? On en sort en tout cas avec une soudaine envie de bouger.

Soirée William Forsythe / Johan Inger
Jusqu’au 3 novembre 2024
Palais Garnier
À noter : le défilé du ballet et Word for word de My’Kal Stromile ne sont donnés que lors de trois représentations exceptionnelles les 4, 9 et 10 octobre 2024.

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