De la danse, un concert, un roman : l’essentiel à voir et à écouter conseillé par la rédaction cette semaine.
L’amour à mort
Le chorégraphe anglais Matthew Bourne aime replacer l’action des grands ballets classiques au cœur même de notre histoire et de nos sociétés contemporaines. Quand il crée Cendrillon , sur la musique de Prokofiev, il décale l’action vers le Blitz de Londres ; pour sa version du Lac des cygnes, il ne fait danser que des hommes. Il arrive à Paris avec un Romeo + Juliet new-look. Romeo aime Juliet, Juliet aime toujours Romeo et, comme souvent, cette histoire d’amour finira mal… Dans cette version tout se passe dans un décor unique, une vaste pièce totalement carrelée de blanc, ambiance hôpital ou pensionnat des années 1950, avec les filles d’un côté et les garçons de l’autre. On songe à un confinement, à un enfermement, avec la danse, la musique et l’amour comme échappatoires. La danse est physique, souvent joyeuse ; la jeunesse et la vitalité des interprètes font merveille dans cette version qui n’oublie pas que la violence (sonore et visuelle) peut être souvent la seule réponse à un monde fait d’interdits, de contraintes et de soumission, et que parfois l’amour à mort est le seul chemin vers la conquête de la liberté. B. B.
Roméo + Juliet, de Matthew Bourne, du 9 au 28 mars, au Théâtre du Châtelet, à Paris. chatelet.com
Sacre, ballets et vidéo
Les Ballets russes débarquent à la Philharmonie pour un concert exceptionnel, fruit d’une collaboration avec le Festival d’Aix-en-Provence. Il s’agit d’une carte blanche donnée à trois vidéastes qui revisitent les ballets mythiques de Stravinsky : L’Oiseau de feu par Rebecca Zlotowski, Petrouchka (dans sa version de 1947) par Bertrand Mandico, et Le Sacre du printemps par Evangelia Kranioti. Cette dernière, née en 1979 à Athènes, s’empare de l’œuvre scandaleuse de 1913, symbole de modernité, pour proposer une lecture écoféministe qui transforme ce rituel païen en mise en garde contre la domination et l’oppression des femmes. L. C.
Ballets russes, concert avec vidéo, les 28 et 29 février, à la Philharmonie de Paris. philharmoniedeparis.fr
L’art de la fuite
Ce diplômé de Sciences Po mène depuis vingt ans des missions humanitaires dans les pays en guerre, et il nous offre un premier roman impressionnant, habité par plusieurs personnages, tous en fuite d’une manière ou d’une autre. Lauren quitte le Kansas après une fusillade meurtrière, Aaron est encombré de l’héritage de son père mafieux, Émilie perd la parole après une erreur de traduction aux Nations unies… Une écriture précise et dense pour tisser un portrait singulier et passionnant d’une génération aux prises avec un monde chamboulé. I. P.
Les Échappés, de Renaud Rodier, Éditions Anne Carrière, 400 p., 23 €.
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