Paris Has Fallen : que vaut la série Canal+ sans Gerard Butler, adaptée des films d’action

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Après La Chute de la maison blanche et ses suites, la saga se décline sur Canal+ en série et à Paris. On a regardé les deux premiers épisodes, pour voir si le pouvoir d’attraction de Paris Has Fallen ne pâtit pas trop de l’absence de son pilier testostéroné Gerard Butler.

La Chute de la maison blanche, La Chute de Londres, La Chute du président : en trois films, la saga initiée par Antoine Fuqua s’est fait une place sur le segment des séries B d’action, moins pour la finesse de ses péripéties que pour le plaisir régressif de voir Gerard Butler sauver des puissants comme d’autres plient leur linge.

gerard butler chute maison blanche

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Version hollywoodienne

Mais puisque le tour du monde des capitales à envoyer au tapis n’était pas terminé, voici que débarque Paris Has Fallen (dont le titre n’a étrangement pas été francisé). Réalisée par Oded Ruskin et Hans Herbots sur un scénario d’Howard Overman (créateur acclamé de Misfits), cette coproduction Studiocanal confie à Tewfik Jallab et Ritu Arya la mission de mettre un peu d’ordre dans la Ville Lumière, avec Emmanuelle Bercot dans le rôle de la présidente.

On a osé voir les deux premiers épisodes, et voilà le premier petit bilan.

Un terroriste familier

Lorsque s’avance au milieu de la pièce le grand manitou de la prise d’otage, les souffles se tendent. D’une placidité redoutable, il condamne à mort avec la même voix douce qu’il utiliserait pour lire Petit Ours Brun à ses enfants. Doté d’un sang-froid à toute épreuve et d’un art de l’anticipation à la limite de la divination, attestant de capacités cérébrales supérieures et d’un sens de la logistique désarmant, il a surtout la particularité d’être interprété par Sean Harris.

Peut-être devrions-nous l’appeler Solomon Kane, tant son personnage semble avoir été conçu pour draguer les fans de Mission Impossible. Après avoir joué à cache-cache avec Ethan Hunt dans Mission : Impossible – Rogue Nation et Fallout, il vient donc semer le dawa dans notre capitale (que la saga de Tom Cruise aime également beaucoup), où il a notamment maille à partir avec… le MI6. Logique.

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Mis au taliban de la société

Sean Harris incarne un antagoniste doté de motivations compréhensibles et d’une dimension tragique bienvenue, sorte d’écorché vif (littéral) qui a de solides raisons d’en vouloir à la terre entière. Le massacre qui se profile n’en est que plus jouissif, avec des cibles moralement pas très nettes à la merci d’un énervé lancé comme un chien dans un jeu de quilles corrompues.

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La brigade de répression des titres anglais absurdes

Depuis les Nord-Coréens du premier opus, la saga a toujours jonglé avec la géopolitique. Cette fois, c’est l’Afghanistan qui sert de background, puisqu’un petit séjour dans les geôles talibanes a précipité les envies de revanche de cet ancien soldat de la Légion étrangère française.

De son plan à tiroir découle une dynamique de course contre la montre efficace. Dès sa prise d’otage inaugurale à l’ambassade britannique, dont le pouvoir de fascination danse forcément avec les fantômes du Bataclan, la série installe un grain d’inquiétante étrangeté qui fait plaisir grâce à son mime (certes un peu cliché). Avec Sean Harris à la manœuvre, Paris n’a aucune raison de tomber d’ennui.

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La légende du bureau

Tir au pigeon parisien

« Le sang et les plumes tourbillonnaient en l’air, et les femmes assises à côté sous leurs ombrelles étaient en pleurs« . Cette description n’est pas extraite d’un Lucky Luke déviant, mais de l’historien Andrew Strunk au sujet d’une épreuve disputée lors des JO de Paris 1900 : le tir au pigeon. Avec de vrais volatiles, donc, qui ont allègrement commué le bois de Boulogne en charnier.

Paris Has Fallen semble vouloir rendre un bel hommage à ce petit ange de discipline partie trop tôt sur décision du CIO. D’embuscade de sniper en embuscade de sniper, la Ville Lumière se transforme en stand de tir à ciel ouvert. Évidemment, la série nous fait profiter des meilleurs spots de Paris, organisant notamment un barbecue capitaliste au débotté au pied de la tour Eiffel. Elle évite toutefois de sombrer dans les excès de la carte postale racoleuse.

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Un Gerard vous manque et tout est déburné

Les fusillades et combats à mains nues sont emballés sans génie ni esbroufe, mais dénotent d’un sens de l’impact agréable, de petites gerbes de sang du plus bel effet et d’une volonté de se faire plaisir avec ce qui leur passe sous la main (le finish avec les talons aiguille nous a tapé dans l’œil). De manière générale, la production est solide et l’ensemble léché.

Alors certes, il n’y a plus Gerard Butler, pilier de la trilogie « La Chute de… », pour rétablir l’ordre avec son monolithisme burné. S’il reste attaché au projet en tant que coproducteur, il faut bien s’avouer qu’il constituait le principal intérêt des films (avec aussi des seconds rôles de premier choix comme Morgan Freeman, Aaron Eckhart, Angela Bassett, Radha Mitchell, Nick Nolte…). Mais dans un style plus sobre, le duo de héros fait le job dans Paris Has Fallen.

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Arya di mezzo carattere

Après la défection de Mathieu Kassovitz (annoncé au départ), l’acteur français Tewfik Jallab, passé par le cours Florent, a pris le relais. Il incarne évidemment un héros taciturne au code d’honneur irréprochable, viré de l’armée pour excès d’humanisme, mais n’essaie jamais d’en faire trop. À ses côtés se tient Ritu Arya, qui avait déjà donné dans les forces de l’ordre avec l’inspecteur d’Interpol d’un Red Notice de triste mémoire. Leur dynamique et l’exploration parallèle de leur vie privée correspond aux standards du genre, mais se suit sans déplaisir.

Paris Has Fallen a posé des bases solides, conformes au programme espéré. On attend désormais de voir si elle capitalise sur ses promesses, sans faute de goût ni baisse de rythme.

Paris Has Fallen est diffusé sur Canal+ à partir du 23 septembre à raison d’un épisode par semaine.

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