Pour quelques jours encore – jusqu’à la fin des Jeux paralympiques –, la vasque s’élève à nouveau le soir dans le ciel de Paris. Sa pérennisation, bien que plébiscitée, reste incertaine. Alors, pour saisir ce moment, comme on se rassemble sur une plage de Bali pour admirer le coucher de soleil, des milliers de badauds se retrouvent sur les pelouses des Tuileries pour communier dans ce rituel nocturne. On compte jusqu’à 20 000 personnes chaque soir.
De jour, si on a eu la chance de décrocher un créneau d’accès, on se presse aussi pour approcher ce nouvel astre, qui passe de l’argent à l’or selon les heures. Couleur du temps, posé sur son miroir d’eau, le ballon en jette. Mathieu Lehanneur, son designer et créateur, n’est toujours pas descendu de son nuage. «Je cherchais à créer une émotion extrêmement forte, mais je n’imaginais pas que cela prendrait une telle proportion.»
Pour ce Français, élu designer de l’année 2024 par Maison & Objet, créateur de mobilier, d’installations artistiques et de solutions innovantes pour le quotidien, il y aura un avant et un après JOP. «C’est une grande marche pour moi. Je ne veux pas parler de couronnement, sinon que resterait-il après? Ce succès va me donner plus de liberté.»
Le pouvoir d’attraction de cette œuvre, entre réminiscence historique et innovation technologique, a surpassé ses rêves. Il a aussi dessiné la torche, tenue à bout de bras par des milliers de porteurs, mais pour le chaudron version électrique, ce n’était pas du tout gagné. Il fallait oser proposer au CIO, par le biais du Cojo, un objet aussi symbolique dans le récit olympique, sans le feu quasi sacré transporté de Grèce.
Mathieu Lehanneur, designer de la vasque, au jardin des Tuileries. © DR
Après avoir convaincu jusqu’à Thomas Bach, le président du CIO, un feu décarboné s’est finalement imposé, marqueur de l’époque. Une audace qui fera date. Chez EDF, à la direction de l’innovation, une petite cellule a cogité sur ce défi autour d’Axel Morales, le designer industriel. «Le projet d’une flamme électrique, pour la torche d’abord, remonte à 2021, avant mon arrivée dans l’entreprise. Un prototype avait été mis au point et présenté à Tony Estanguet à l’été 2022. Il a été recalé, avec un “no go” du CIO, puis une fenêtre s’est ouverte, pour la vasque cette fois. Il n’y avait alors encore aucun projet artistique.»
Lehanneur est entré dans la boucle avec son idée d’anneau et de montgolfière. Plusieurs visites au ballon Airparif-Generali, implanté dans le parc André-Citroën (Paris XVe ), ont permis de prendre la dimension de l’effet, d’affiner les proportions. L’illusion du feu par l’eau et la lumière, à cette échelle, est une gageure. Il fallait prendre en compte la contrainte du poids d’un objet volant (maximum 1,6 tonne), faire monter l’eau sous pression pour la brumiser (consommation de 2,3 m3 par heure), et gérer l’électricité (puissance maximale de 50 kW) à la fois pour l’éclairage (40 Led) et la machinerie. Sans parler des aléas liés à la météo (vent, pluie…). EDF a supervisé la conception de la vasque; plusieurs brevets ont été déposés et des applications pourraient en découler, dans l’univers du spectacle ou les parcs d’attractions.
Par deux fois au cœur de la cérémonie d’ouverture
La mise au point et la construction de cet anneau d’aluminium ont été confiées à l’Atelier Blam, installé près de Nantes. Sélectionné par EDF avec trois autres entreprises, deux françaises et une allemande, chacune pour son savoir-faire en design et en ingénierie, Blam a finalement décroché le pompon et s’est retrouvé par deux fois au cœur de la cérémonie d’ouverture: avec la vasque et aussi le cheval d’argent.
Dans l’immense hangar situé près des bords de Loire, quand la nouvelle qu’il était retenu par EDF est tombée, Aurélien Meyer, fondateur de l’Atelier Blam, a compris qu’avec son équipe – vingt-cinq chaudronniers, ingénieurs, architectes – ils allaient entrer dans l’Histoire. Sur le sol, il ne reste de cette épopée que le tracé de cercles concentriques, aux couleurs des anneaux olympiques, chacun matérialisant les différentes circonférences envisagées. Au final, la vasque fait 7 mètres de diamètre. Ella a été construite par sections, transportée en morceaux vers Paris et assemblée in situ.
Une allégorie
Au fond de l’atelier, majestueux et irradiant dans la pénombre, le cheval d’argent a retrouvé son écurie. S’il est, depuis, exposé dans la cour de la mairie de Paris, durant les Paralympiques, c’est dans son berceau nantais que nous l’avions découvert, mi-août. Aurélien Meyer, son créateur, semblait aussi flotter dans le bonheur. La monture a été imaginée, conçue, réalisée ici. À ses côtés, le trimaran électrique futuriste qui la propulsait sur la Seine semble tout droit sorti d’un James Bond. «Thierry Reboul, le directeur des cérémonies des JO, voulait une allégorie, une évocation d’un cheval sur l’eau, incarnant l’esprit olympique, précise Aurélien Meyer. La réalisation de la vasque nous a conduits à concevoir aussi cette sculpture.»
Formé aux Beaux-Arts de Quimper et de Nantes, le fondateur et directeur artistique de l’Atelier Blam a fait appel à sa bibliothèque d’images mentales pour dessiner cette créature: une photographie d’un cheval sur l’eau par Ikko Narahara, le cheval de métal de Charles Ray exposé à la Bourse de commerce. Pour reproduire le galop, l’équipe a travaillé à partir des planches de Muybridge, décomposant en photos les mouvements équestres.
Olivier Ginon, P-DG de GL Events, devant le stade du Champ-de-Mars. © Virginie Clavières
Plusieurs prototypes articulés, basiques, ont encaissé les essais, avant que la version aboutie voie le jour. Un caparaçon d’aluminium écorché, laissant apparaître la mécanique, a été moulé, puis recouvert de feuilles d’argent. Quant au trimaran furtif, imaginé par Aurélien Meyer, il a été conçu par MMProcess, une start-up morbihannaise.
Les JO de Paris, c’est l’équivalent de 2 coupes du monde à Doha!
Olivier Ginon
Un autre acteur majeur de l’organisation des JOP 2024 regarde déjà vers ceux de Los Angeles et, avant, ceux d’hiver, en 2026, à Milan. Il s’agit de GL Events, leader européen et 3e mondial dans l’équipement, l’organisation et l’accueil de grands événements. L’entreprise a été de tous les JO d’été depuis 1992, à l’exception de ceux d’Atlanta.
À lui seul, ce poids lourd du secteur a monté 70% des tribunes de Paris 2024, géré 100% des compétitions équestres à Versailles par délégation du CIO, assuré l’approvisionnement de la totalité des sites en électricité. «Les JO de Paris, c’est l’équivalent de 2 coupes du monde à Doha! » précise Olivier Ginon, le P-DG.
Pour construire et démonter des structures éphémères sur des sites historiques classés, il faut détenir un savoir-faire particulier. L’entreprise a acquis cette expérience depuis des décennies et son staff connaît quasi chaque pavé de la place de la Concorde. GL Events y gère l’arrivée du Tour de France, les défilés de mode qui s’y tiennent, installe les tribunes du 14 juillet. Cette fois, le défi fut aussi de transformer en un temps record les sites de compétitions de BMX freestyle, breaking dance, skateboard et basket 3×3 qui se tenaient sous l’obélisque en un immense théâtre en plein air pour la cérémonie d’ouverture des Paralympiques. Et dans quelques jours, comme par magie, tout aura disparu.
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