Comme les parades du 14-Juillet ou celles des athlètes des JO, le défilé du Ballet et de l’École de danse de l’Opéra de Paris pourrait prêter à sourire par sa solennité d’un autre âge ultra-hiérarchisée. On s’en voudrait presque d’être ému de voir avancer d’un pas millimétré vers le public cette cohorte d’artistes, depuis la plus jeune des apprenties ballerines jusqu’aux resplendissantes étoiles. Les dames d’abord, les messieurs ensuite. Et pourtant, ce rituel propre à la France, né en 1926 et repris à partir de 1946 à l’initiative de Serge Lifar, fait toujours son effet, sur fond de Marche des Troyens de Berlioz (cette année dirigée avec élégance par la cheffe Mojca Lavrencic) et ponctué par les applaudissements du public.
Cette célébration des codes et des atours de la tradition classique est-elle la meilleure introduction à la création gracieuse mais anodine de Word for Word de My’Kal Stromile ? En dépit du punch enthousiaste de Guillaume Diop et du charme de Valentine Colasante et Hannah O’Neill, la pièce paraît assez fade. N’aurait-il pas fallu, au risque de tordre le cou aux usages, l’enchaîner directement après le point d’orgue du défilé, la faire naître de la célébration de la danse classique ? Pendant la longue pause qui les sépare la tension s’étiole, là où il aurait été astucieux de l’entretenir.
Forsythe, acéré et plus bénin
Au cœur du programme, deux œuvres de l’Américain William Forsythe, dont Rearray, créé à Londres en 2011 avec Sylvie Guillem et Nicolas Le Riche, revisité ici par son auteur pour un trio illuminé par la clarté tranchante de Roxane Stoyanov. Sa cambrure arrogante et les extensions infinies des bras et des jambes en imposent à ses deux excellents partenaires, Takeru Coste et Loup Marcault-Derouard. Sur la musique aux acidités envoûtantes de David Morrow, les corps sont acérés comme des épées, se perturbent et s’entremêlent sans ménagement, s’éloignent étrangement indifférents avant d’accorder, le temps d’un éclat fugitif, leur farouche indépendance. Ce n’est guère touchant, parfois même un peu méchant, mais superbe.
Forsythe encore mais version aimable et légère, avec Blake Works I, qui fait appel à un effectif plus nombreux qui, ce soir-là, n’est pas toujours réglé au cordeau… En dépit de la voix monotone et plaintive du chanteur James Blake – diffusée en outre beaucoup trop fort –, la chorégraphie chaloupée et sinueuse se savoure avec un réel plaisir. Pourtant, une touche d’ennui vient alanguir les dix dernières minutes de cette demi-heure un peu trop copieuse au regard de l’inspiration.
Les individus et le groupe
Aucun risque de lassitude en revanche avec Impasse du chorégraphe suédois Johan Inger, créée en 2020 au Nederlands Dans Theater et qui fait son entrée à l’Opéra de Paris. Enchâssée entre deux trios, dont le premier glisse et gambade avec une fraîcheur juvénile, voici une scène endiablée aux allures de cabaret déjanté. Elle entraîne les protagonistes dans une ronde pleine de paillettes et de frénésie, pour mieux les abandonner, tristes et interrogatifs, à leur solitude à trois. La fête est finie, bien finie…
Cette petite histoire entre modeste sagesse, vaines illusions et retour à un réel désenchanté se raconte sur la musique joyeuse et sans aspérités d’Ibrahim Maalouf. Le spectacle est très agréable, on admire le peps des danseurs mais, le seuil du Palais Garnier franchi, force est de constater qu’il n’en reste pas grand-chose… Trop insignifiant ou volontairement fondé sur les vaporeuses délices de l’éphémère ?
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