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Palais Garnier, Paris. 4/X/24. Ballet de l’Opéra national de Paris : William Forsythe / Johan Inger
Word for word. Création. Chorégraphie : My’Kal Stromile. Musique : Jerome Begin. Costumes : CHANEL
Rearray. Recréation. Chorégraphie et scénographie : William Forsythe. Musique : David Morrow
Blake Works I. Chorégraphie et scénographie : William Forsythe. Musique : James Blake
Impasse. Entrée au répertoire. Chorégraphie et scénographie : Johan Inger. Musique : Ibrahim Maalouf, Amos Ben-Tal
Les Étoiles, les Premières Danseuses, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris.
Rentrée automnale du ballet de l’Opéra de Paris à Garnier avec une création d’un jeune chorégraphe américain, une recréation et une reprise de William Forsythe et une entrée au répertoire de Johan Inger.
Comme lors de la soirée de gala qui ouvre la saison danse à l’opéra Garnier, les trois premières représentations de cette série sont précédées du défilé du ballet, qui permet à tous les élèves de l’école de danse et à l’ensemble des danseurs et danseuses du Ballet de l’Opéra de Paris de se présenter au public, dans un ordre forcément protocolaire. Les absences des étoiles Dorothée Gilbert, Amandine Albisson et Ludmila Pagliero, ainsi que Mathias Heymann sont remarquées par le public, qui regrette de ne pas pouvoir les applaudir.
Ces trois premières représentations sont aussi l’occasion de découvrir le travail du jeune chorégraphe américain My’Kal Stromile, diplômé de la Julliard School et danseur du Boston Ballet, pour Word for Word, un quintette court (12 minutes), où l’on sent l’influence de William Forsythe. La pièce est partagée en deux parties, la première, rapide et intense, détourne les codes du classique, en tutu rose pour les filles et petit gilet brodé pour les garçons – des costumes signés de la maison Chanel. Parmi les interprètes se détachent Guillaume Diop, et surtout Jack Gasztowtt, fulgurant, aux côtés de Valentine Colasante, Hannan O’Neill et Rubens Simon. Dans la deuxième partie, plus mélancolique et contemplative, c’est le foyer de la danse – ouvert exceptionnellement à l’occasion du défilé – qui se découvre au loin.
Après un premier entracte, c’est une brillante relecture de Rearray, un duo créé en 2011 au Sadler’s Wells Theatre de Londres pour Sylvie Guilhem et Nicolas Le Riche, que nous propose William Forsythe, qui le transforme en trio. Toujours aussi vibrant et contemporain, Rearray n’a pas pris une ride. Mélange de souplesse et de tension, il est ici porté par trois interprètes follement intéressants : Roxane Stojanov, papillon de nuit intense, Takeru Coste, bun sur la tête et souplesse du haut du corps, et Loup Marcault-Derouard, le crâne rasé d’un soldat, mais la sensualité d’un félin. Les danseurs sont comme trois notes de musique sur une partition de jazz. Le trio semble tellement intriqué qu’il génère sa propre énergie, le mouvement se propageant du corps de l’un à celui de l’autre. Une virtuosité sans artifice, et une composition complexe pour un duo – désormais trio – qui n’a pas pris une ride.
Huit ans après sa création par William Forsythe pour le Ballet de l’Opéra de Paris sur sept chansons de James Blake, c’est avec plaisir que l’on redécouvre Blake Works I, pas aussi simple qu’il n’y paraît, avec une génération de danseurs renouvelée. Blessée, Ludmila Pagliero ne peut pas nous régaler de son esprit espiègle et jazzy, et elle est remplacée par des danseurs à fort potentiel comme Inès McIntosh éblouissante ou la subtile Hohyun Kang. Après « Put that away », le trio incandescent porté par Naïs Dubost, Caroline Osmont et Enzo Saugar, le duo très romantique « Color in anything » est somptueusement interprété par Inès McIntosh et Florent Melac. Du côté des garçons, la distribution est d’un très haut niveau, avec des danseurs qui conjuguent avec facilité tous les gimmicks du maître Forsythe. Tous sont exceptionnels, y compris le dernier arrivé dans la compagnie Shale Wagman, un vent de fraîcheur qui se fond avec éclat dans la brochette des garçons dans l’époustouflant « Two men down ». La pièce se termine par le magnifique duo « Forever » avec Hohyun Kang et Germain Louvet, impériaux. L’on avait peut-être jugé avec sévérité cette pièce à sa création, et les années semblent l’avoir bonifié, sans émousser son côté « easy going ».
Créé en février 2020 pour le Nederlands Dans Theater par le chorégraphe suédois Johan Inger, Impasse fait son entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris après le deuxième entracte, pour achever cette soirée. Des débuts ratés, car Impasse est une pièce insignifiante qui n’apporte rien à la compagnie ni en termes de richesse chorégraphique, ni sur le plan dramaturgique. Trois personnages, interprétés par Ida Viikikonski, Andrea Sari et Marc Moreau, se voient progressivement piégés dans un univers de vie de plus en plus réduit, symbolisé par la silhouette géométrique d’une maison cernée d’un néon. Une troupe mi-démoniaque, mi-carnavalesque tente de l’entraîner dans l’abîme. Mais n’est pas Mats Ek qui veut et la pièce tourne à vide autour de ces personnages creux. Seule la sauve l’énergie des jeunes danseurs de la troupe et la trompette chaude et enveloppante d’Ibrahim Maalouf, compositeur et interprète de la musique avec Amos Ben-Tal. Une bien maigre consolation.
Crédits photographiques : © Agathe Poupeney, © Ann Ray / Opéra national de Paris
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Palais Garnier, Paris. 4/X/24. Ballet de l’Opéra national de Paris : William Forsythe / Johan Inger
Word for word. Création. Chorégraphie : My’Kal Stromile. Musique : Jerome Begin. Costumes : CHANEL
Rearray. Recréation. Chorégraphie et scénographie : William Forsythe. Musique : David Morrow
Blake Works I. Chorégraphie et scénographie : William Forsythe. Musique : James Blake
Impasse. Entrée au répertoire. Chorégraphie et scénographie : Johan Inger. Musique : Ibrahim Maalouf, Amos Ben-Tal
Les Étoiles, les Premières Danseuses, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris.
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