Avec les beaux jours qui reviennent, un vent de fraicheur souffle au Palais Garnier. Après près de six ans d’absence, La fille mal gardée, classique de la compagnie, revient sur le devant de la scène jusqu’au lundi 1er avril 2024. Ce ballet-pantomime qui a traversé les époques, propose, dans la version pleine d’humour du chorégraphe britannique Frederick Ashton écrite en 1960, une œuvre champêtre et drôle, au charme suranné, qui a fait rayonner les danseurs de l’Opéra de Paris.
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Un ballet écrit comme une comédie
Au milieu d’une campagne fantasmée, on suit les amours de deux jeunes paysans, Lise et Colin. Leur histoire est sans cesse contrariée par les plans de « mère Simone », qui nourrit pour sa fille d’autres ambitions, en la mariant au fils d’un riche exploitant viticole, le timide et maladroit Alain. Le prétendant sera finalement évincé au profit de l’amour véritable, à l’issue de multiples péripéties faisant fuser les rires des spectateurs.
L’œuvre originelle a été créée à Bordeaux en 1789, quelques jours avant la Révolution française. Mais son propos est bien éloigné des tumultes de l’Histoire et sa paysannerie exempte de toute velléité révolutionnaire.
Construite comme une farce de la commedia dell’arte, la pièce est caractérisée par des personnages très stéréotypés. Les scènes de danse prennent vie au milieu d’un quotidien prosaïque, montré avec malice. C’est d’ailleurs une basse-cour qui ouvre le ballet. Au milieu de cette ferme au décor rustique et propret, on baratte le beurre, on nourrit les poules, on file la laine… Y figurent aussi des corrections corporelles d’un autre âge, la jeune fille bondissant sous les fessées musclées administrées par sa mère.
Des personnages stéréotypés
Dans cette campagne ensoleillée, la moisson se transforme en fête villageoise, portée par un corps de ballet à l’efficacité simple et joyeuse. On y voit même « mère Simone » chausser les sabots, pour un numéro de claquette en gros godillot qui fait toujours mouche auprès du public.
Incarné par un homme travesti, le personnage caricatural de la mère est campé brillamment par Simon Valastro. Le danseur se glisse dans les jupons de la fermière autoritaire avec une précision du geste et des mimiques adressées au public qui rendent le personnage particulièrement comique.
Enfantins et malicieux, Léonore Baulac et Guillaume Diop campent un couple tout à l’insouciance de l’instant présent, entre tendresses et chamailleries. Les deux interprètes survolent les défis techniques. Elle est particulièrement à l’aise sur le travail du bas de jambe, montrant un jeu de pointes vif et précis ; lui s’illustre dans des grands jetés aux extensions interminables et une espièglerie dans le jeu à mesure que le ballet avance.
Enfin, Alain, le malheureux prétendant, a beau être éconduit, il n’en gagne pas moins le cœur du public par sa timidité clownesque. Quand il n’est pas retranché derrière son parapluie, il s’essaye à de pataudes démonstrations. Antoine Kirscher parvient à rendre attachant ce personnage aux airs de Pierrot incompris.
Un tableau pastoral réussi
Chapeaux de paille, tabliers de coton, robes à carreaux et pantalons de toile rayés habillent cette joyeuse compagnie villageoise. Et pour parfaire ce tableau pastoral, on ne lésine pas sur les accessoires : flûte, foulards et rubans sont omniprésents.
Les principaux écueils du ballet se situent justement dans la gestion plus ou moins complexe de cette quincaillerie. Dans les pas de deux, conçus comme un apprentissage amoureux, s’entremêlent sans cesse des jeux de rubans, jusqu’à un point d’orgue qui fait soudain frémir l’assemblée : Lise pivote sur une pointe, en équilibre attitude, avec pour seul appui une poignée de rubans dressés en chapiteau au-dessus de sa tête. Elle les tient dans une main, les extrémités rayonnant autour d’elle, maintenus par les autres villageoises qui tracent un cercle mouvant autour de la soliste. Tension dans la salle face à ce défi d’équilibre, avant le soulagement de voir la prouesse accomplie.
Autre prouesse du ballet, celui d’offrir une pantomime réussie. Cet art de mimer une action n’a, ici, rien à voir avec la gestuelle ampoulée qui émaille les grands ballets classiques. Loin d’être un passage obligé permettant uniquement de faire progresser l’histoire, elle permet aux personnages d’incarner de vrais caractères comiques. Une respiration bienvenue dans un art qui excelle à sublimer les corps, mais que l’on voit moins souvent épouser la trivialité du réel.
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