Il est des moments où se hérissent les poils d’émotion. Lorsque plus de 71 000 gorges chantent ensemble des mots de paix et de fraternité, les poils sont là, vibrants, qui témoignent des frissons de plaisir partagé, d’une communion joyeuse, simple, lumineuse. Lorsque se compose et se dévoile une création artistique inclassable, tout à la fois spectacle de danse géant, un peu opéra, un brin théâtre, immense son et lumière où chaque spectateur tient accroché à son poignet une petite lampe pour participer. Lorsque, enfin, défilent, se rassemblent et s’amusent des milliers d’athlètes olympiques, au milieu d’un peuple qui les acclame par amour du sport et de la fête.
Ainsi fut-il au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ce dimanche 11 août au soir de clôture des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024. La cérémonie finale était un exercice difficile tant la barre avait été placée haut, pour reprendre une métaphore athlétique, avec le succès du défilé des délégations sur la Seine, la joie qui a transformé Paris pendant dix-sept jours et le spectacle intense du sport de haut niveau dans des stades magnifiés par le patrimoine de la capitale. Il fallait tout à la fois raconter ces jours heureux, rendre hommage aux athlètes, célébrer les valeurs des 45 000 volontaires qui ont apporté sourires, conseils et bienveillance, offrir à nouveau un regard sur l’olympisme, sur Paris aussi et transmettre le flambeau de cette France de 2024 à l’Amérique de Hollywood, puisque Los Angeles accueillera les Jeux en 2028.
Comme un tableau impressionniste qui aurait été peint devant la foule, les athlètes sont tous entrés dans le stade et les couleurs de leurs tenues se sont mélangées. Des milliers de compétiteurs, donc, redevenus des gamins sautillants, trop heureux de faire la fête et de vivre ces instants privilégiés. Les jeunes femmes et les jeunes hommes ont dansé, se sont pris dans les bras et en photo à l’image des 9,5 millions de spectateurs avant eux dans les stades – tous égaux devant le besoin irrépressible de fixer le souvenir puis de le partager avec les mêmes poses, les mêmes gestes, sur les mêmes réseaux. Tout à leur joie, des danseurs ont aussi improvisé, dans un coin de l’arène, une battle de breakdance, cette discipline devenue olympique pour les Jeux de Paris, au plus grand bonheur des spectateurs placés devant. Dans leur enthousiasme, les athlètes redevenus enfants ont aussi envahi la piste alors que cela n’était pas prévu. « Merci mesdames et messieurs les athlètes de ne pas monter sur la scène », a dû gentiment gronder par deux fois le speaker, Denis Brogniart, animateur de l’émission « Koh-Lanta » dans le civil.
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