Le Café de la Danse a mis ses habitués en colère. « Le strictement culturel n’existe pas », « l’art est aussi une question de discours, de discussion, de confrontation », « vous devriez avoir honte », peut-on lire dans les commentaires du communiqué partagé par la salle de concert parisienne sur sa page Facebook le 17 octobre dernier. Les équipes tiennent d’abord à s’excuser d’une « décision regrettable », à savoir le refus de présenter des musiciens, chanteurs et danseurs Israéliens et Palestiniens. C’est une litote. Cette censure est si pernicieuse que le gérant des lieux est revenu sur ce choix, sur les conseils de son avocat et « conformément à la loi », apprend-on dans un article du Figaro.
Jusqu’à présent, en France, il n’est pas permis d’écarter des artistes en raison de leur nationalité. Malgré tout, les préoccupations de la salle de 500 places sont grandes. Elles concernent « en particulier le conflit israélo-palestinien », le communiqué se concluant dans une même exigence de neutralité : « Nous déplorons toutes les victimes et prions pour la paix. » Pas d’exclusion d’interprètes, mais ce lieu vivant du quartier de Bastille « se mobilise modestement » contre « l’exportation du conflit ». Aux modestes causes les grands moyens puisque « [les] contrats de location contiennent, depuis plusieurs mois, une clause interdisant toute manifestation politique, drapeau ou symbole de quelque pays que ce soit ».
Un concert de Flèche Love à l’origine des remous
Tout découle d’un concert de l’artiste Flèche Love organisé le mardi 15 octobre. La chanteuse s’explique dans une publication Instagram et reconnaît avoir signé une clause au contrat mentionnant « l’interdiction sur scène de tout signe ou opinion politique ». Pour sa dernière chanson, elle fait quand même monter sur scène le chanteur palestinien Bashar Murad, source d’inquiétude pour les dirigeants de la salle. Ensemble, ils interprètent It’s a hell, un morceau d’appel à la paix et à la justice en Palestine. « Le Café de la Danse a voulu nous museler », proteste la Suisso-algérienne de 34 ans. Le gérant de la salle, Loïc Barrouk, se défend auprès de Télérama et estime que Bashar Murad « n’aurait pas dû être invité ».
Toujours d’après le magazine, une personne de la fosse a crié « Free Palestine ! », tandis que le musicien s’est emparé d’un drapeau palestinien depuis le public. « Nous ne voulons pas que le Café de la Danse, lieu strictement culturel, devienne une tribune, ou pire, un lieu d’affrontement », spécifie le communiqué de la salle, alors qu’aucune échauffourée n’a été rapportée. À l’inverse, des appels au boycott ont été lancés. Flèche Love a ainsi fait savoir qu’elle ne se produira plus sur cette scène, bien connue des mélomanes pour mettre en avant des artistes émergents, libre de leur musique et, il y a peu, de leurs paroles. Les salariés ont quant à eux tenu à faire grève lundi 21 octobre, rappelant que « la seule entrave légitime à la liberté d’expression est celle consacrée par la loi ».
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