ENTRETIEN. « Amener des gens dans mon monde »… Aurélien Gay, danseur à l’Opéra de Paris, revient sur les clichés qui entourent son métier

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l’essentiel Danseur à l’Opéra de Paris depuis 2018, le Toulousain Aurélien Gay raconte son ascension et met en lumière une discipline peu connue et entourée de stéréotypes.

Comment avez-vous commencé la danse classique ?

Je baignais dans le milieu du foot quand j’étais petit. Mon grand frère y jouait et m’a mis à fond dedans. Mais j’étais assez turbulent, je faisais plein de bêtises. Ma mère a alors décidé de trouver une activité pour me canaliser. C’est comme ça que la danse est arrivée, un peu au hasard. J’avais 9 ans. Je n’ai pas vraiment aimé les premières séances. Je crois que j’avais les mêmes clichés que la majorité des garçons et j’étais seul entouré de filles. Finalement, je suis vite devenu la mascotte et j’ai pris goût à ce sport assez naturellement sans me rendre compte de ce que cela pouvait devenir. J’ai aimé le côté technique, l’art qu’il y a derrière. Nous mettons nos corps à rude épreuve avec des ballets qui durent plus de trois heures.

Comment en êtes-vous arrivé à devenir danseur à l’Opéra de Paris ?

Tout est allé très vite. Après deux ans au centre chorégraphique de Toulouse, j’ai débarqué seul à Paris à 11 ans pour entrer à l’école de danse de l’Opéra. Ce n’était pas mon monde. Je ne savais même pas que je pouvais en faire mon métier. Je faisais ça pour le plaisir, sans avoir la pression. Il y avait un examen de contrôle chaque année pour être conservé dans la classe supérieure et j’ai fait tout mon parcours scolaire là-bas. Tout s’est bien passé jusqu’à mon intégration à l’Opéra de Paris pour mes 18 ans (il en a aujourd’hui 24). Nous sommes actuellement 154 danseuses et danseurs. C’est une des plus grandes compagnies du monde, une institution et c’est un honneur d’en faire partie. J’ai environ 150 spectacles à l’année sans compter les galas le week-end.

Quels sont les clichés qui gravitent autour du fait d’être un garçon qui fait de la danse classique ?

Forcément, la première chose qui me vient c’est l’homosexualité. Nous enfilons des collants donc directement cela fait réagir. Quand je fais du foot le week-end près de Paris, les gens me demandent dans quel club je joue et en répondant que je danse, la première idée qui leur vient est l’homosexualité. Il suffit de regarder les livres comme « Martine fait de la danse » pour comprendre à quel point la danse classique est associée aux filles. Une autre idée reçue est que c’est un monde de bourgeois. Comme les gens qui assistent aux ballets sont d’un certain âge et que les tarifs sont parfois élevés, on pense que ce n’est pas pour nous. Mais tout le monde est invité à venir. L’Opéra de Paris fait des choses intéressantes en essayant de mettre en place des prix pour les moins de 25 ans.

Avez-vous vécu des moments plus difficiles ou fait face à des moqueries ?

Forcément, il y a eu des moqueries mais je ne me laissais pas faire et les gens comprenaient. J’ai eu des moments de doute notamment à l’adolescence car inévitablement ton corps et ta mentalité changent à cette période. Avec les blessures, tu te demandes si tu vas revenir au niveau. Tu te rends compte que tu peux être lâché à tout moment. J’ai eu forcément envie de retourner jouer au foot aussi. Je trouve que nous n’avions pas un accompagnement assez spécialisé comme peuvent l’avoir certains sportifs pour passer ces moments plus difficiles. Les préparateurs mentaux sont extrêmement importants. J’ai eu la chance d’avoir un soutien énorme de ma famille. C’est toujours le cas d’ailleurs. Mon grand frère avait les mêmes clichés que moi au départ et il m’a toujours soutenu. Mon père est maintenant le premier à venir me voir à l’Opéra de Paris. C’est une immense fierté. Avec cet appui, tu te sens invincible.

C’est important pour vous de démocratiser la pratique et déconstruire ces clichés ?

Exactement, je veux juste devenir quelque chose de normal. Beaucoup de gens parlent sans n’avoir jamais vu un ballet. Mon objectif est d’amener ces gens-là dans mon monde. Bien sûr, je ne veux pas que ce soit le sport national, la danse classique ne sera pas le premier choix pour les garçons mais il ne faut pas que ce soit tabou. Il y a encore tellement de chemin à faire pour que ce soit un sport comme les autres. Si un garçon a envie de se lancer, je lui dirai de foncer, de tester. Je suis sûr que plein de jeunes aimeraient ce sport. Il faut venir voir. La danse c’est également du théâtre. On raconte une histoire, on transmet des émotions. Il ne s’agit pas uniquement de tourner sur soi-même. Il y a des sauts impressionnants, c’est un art qui demande beaucoup de puissance. Il faut aussi être en osmose avec la musique. C’est un vrai défi de tous les instants pour lequel il faut sans cesse s’améliorer.

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