Danse : retour aux sources pour le Bordelais Sohrâb Chitan

, Danse : retour aux sources pour le Bordelais Sohrâb Chitan
, Danse : retour aux sources pour le Bordelais Sohrâb Chitan

Formé à l’école de Maurice Béjart (1) à Lausanne, passionné par l’art pictural et les corps qui évoluent, Sohrâb Chitan danse les poèmes, joue avec les limites et explore les parts d’ombre et de lumière qui forgent son identité créatrice. À 19 ans, il intègre la compagnie de danse contemporaine Alonzo King Lines Ballet, à San Francisco, puis revient à Bordeaux en 2013 pour créer sa propre compagnie. Pendant dix ans, il s’inspire des arts qui l’entourent pour chorégraphier et danser plusieurs spectacles dans…

Formé à l’école de Maurice Béjart (1) à Lausanne, passionné par l’art pictural et les corps qui évoluent, Sohrâb Chitan danse les poèmes, joue avec les limites et explore les parts d’ombre et de lumière qui forgent son identité créatrice. À 19 ans, il intègre la compagnie de danse contemporaine Alonzo King Lines Ballet, à San Francisco, puis revient à Bordeaux en 2013 pour créer sa propre compagnie. Pendant dix ans, il s’inspire des arts qui l’entourent pour chorégraphier et danser plusieurs spectacles dans toute la France : « Fin de journée », adapté des poèmes de Baudelaire, « Dhikr », qui signifie « souvenir » en langue arabe, ou encore « Deter » (déterminé en raccourci), qui le propulse sur des scènes renommées. Fait d’armes : il dansera cette pièce dans la cour du Palais Galliera, à Paris.

Sur le même sujet
Sur le même sujet

En 2023, il choisit de déménager dans la périphérie bordelaise pour retrouver la campagne, ce qui donne naissance au dernier-né de ses projets, un court-métrage intitulé « No Show for Dawn », qu’il a chorégraphié et dansé, accompagné de sa troupe. « L’idée du court-métrage était pertinente pour moi parce que je venais d’arriver dans un nouveau contexte, qui était celui de la proximité avec la nature. Et puis j’avais des images bien précises en tête, qui ne pouvaient être réalisables qu’à travers le médium vidéo », explique-t-il.

[embedded content]

Un projet radicalement différent de son précédent spectacle, « Deter », puissant et percutant. « C’était ma volonté de revenir vers quelque chose de plus calme, plus spirituel. Je voulais juste un moment suspendu, amener le spectateur ailleurs. » Et de poursuivre : « Parfois, on doit remuer le cocotier et dire ce qui ne va pas, mais on est aussi là pour offrir des moments de paix, où le spectateur peut oublier ses problèmes du quotidien. »

[embedded content]

La nature qui sert de décor onirique à son nouveau projet n’est autre qu’un bout de campagne, en bas de chez lui, là où il cultive sa créativité… et plus. « J’adore jardiner, c’est une grande source d’inspiration pour moi, avoir les mains dans la terre, comprendre pourquoi telle plante est plus envahissante qu’une autre. »

Les corps peintures

Dans le monde de Sohrâb, il y a la nature, mais aussi le corps, dans ses formes les plus sublimes. Ses réseaux sociaux sont habités par des tableaux, des portraits surréalistes, impressionnistes et Art nouveau. Peu surprenant pour un habitué du musée d’Orsay. « La peinture, le dessin ou la photographie sont de grandes sources d’inspiration. Le corps du danseur a une malléabilité qui permet beaucoup de choses. Il est à la fois vivant et à la fois peinture », s’émerveille le chorégraphe.

Danser, c’est également dévoiler une part intime de soi, offrir son corps à un public dont on ignore tout. « Je pense que c’est le propre même de l’art en général. La limite, c’est celle que notre corps peut donner et la liberté qu’on souhaite à ce moment-là. Je réfléchirai toute ma vie à cette limite, cette liberté, cette pudeur… Est-ce que j’en ai une ? En tout cas, j’ai envie d’être honnête. »

Danser avec le handicap

Depuis quelques semaines, Sohrâb a pris la décision de se livrer un peu plus en s’exprimant publiquement sur son handicap. Le danseur et chorégraphe est malentendant à 50 % depuis sa naissance. Jusqu’à ses 28 ans, il ne pouvait pas s’entraîner avec ses appareils auditifs, ceux-ci, fragiles, devant être mis à l’écart de toute transpiration. « Toutes ces années-là, je me suis beaucoup adapté au monde, et pas l’inverse», se confie-t-il.

Alors, lorsqu’il a bénéficié, il y a huit ans, d’appareils internes, c’est tout un monde qui s’est ouvert à lui. « Je profite de ma micro-notoriété pour dire à la jeune génération que c’est possible d’être malentendant et de danser. Que ça va être dur, mais que c’est possible… »

À 36 ans, Sohrâb pense à l’avenir. Le corps a ses limites, et les athlètes s’y confrontent particulièrement tôt. Le danseur et chorégraphe réfléchit à une manière d’intégrer la danse dans la seconde partie de sa vie. « Pourquoi ne pas faire des chorégraphies avec des danseurs de 60 ans ? Ça aussi, c’est une grande question de société. On est dans la représentation du jeune, beau, bien foutu. Ne devrions-nous pas envisager une représentation des personnes de plus de 50 ans, 60 ans, belles aussi, avec leur vécu, avec leur corps qui évoluent ? » « Personnellement, lance-t-il, la danse fera toujours partie de moi. »

(1) Grand chorégraphe franco-suisse du ballet moderne (1927-2007), a fondé plusieurs écoles de danse (Bruxelles, Dakar, Lausanne).

(2) Diffusé sur YouTube.

La chronique se veut reproduite du mieux possible. Afin d’émettre des observations sur ce document concernant le sujet « Ecole de Danse du Marais », veuillez contacter les coordonnées indiquées sur notre site internet. paris-dance.com est un agrégateur d’information qui garde différentes actualités publiées sur internet dont le thème central est « Ecole de Danse du Marais ». Pour vous faciliter la tâche, paris-dance.com vous partage cet article qui traite du sujet « Ecole de Danse du Marais ». Connectez-vous sur notre site internet paris-dance.com et nos réseaux sociaux dans l’optique d’être renseigné des futures publications.

Danse : retour aux sources pour le Bordelais Sohrâb Chitan
Retour en haut