Chorégraphe, réalisatrice de films, danseuse et comédienne : Blanca Li ne rentre pas dans les cases. Native de Grenade, elle faisait à 12 ans partie de l’équipe nationale de gymnastique. Élève de Marta Graham à New-York, elle a fréquenté l’école d’Alvin Ailey, Paul Sanasardo et le Clark Center, vivant la naissance du hip-hop et créant un groupe de flamenco-rap. Elle a fondé sa compagnie en 1992.
Depuis, elle a chorégraphié pour le cinéma, la musique et la mode, de Pedro Almodovar à Michel Gondry, en passant par Daft Punk, Paul McCartney, Beyoncé, Blur ou Coldplay, Jean-Paul Gaultier et Chanel.
Elle est, avec Mourad Merzouki (Käfig), le fil rouge de la 22e édition du festival de danse Cadences à Arcachon. Elle y a présenté ce jeudi 19 septembre son dernier ballet « Didon et Enée » et joue ce samedi « Le Sacre », à 18 heures à l’espace culturel de Biganos.
Comment est née votre dernière création, « Didon et Enée » ?
Tout a commencé lorsque William Christie (fondateur et codirecteur musical de l’ensemble baroque des Arts Florissants) m’a demandé de faire la mise en scène de l’opéra de Purcell. Nous avons installé l’orchestre sur scène, avec les danseurs et sommes partis en tournée. Le dernier jour, à Barcelone, j’étais si triste que l’aventure s’achève que j’ai voulu la prolonger avec un ballet. Nous avons enregistré la musique jouée en live lors de cette dernière représentation, c’est elle qui accompagne ce nouveau « Didon et Enée ».
Comment avez-vous transposé l’opéra en ballet ?
J’ai conservé deux choses : un langage corporel particulier où les personnages expriment toutes les émotions qui ne sont pas chantées et la présence de l’eau sur scène. C’est mon côté Méditerranéenne. Ce spectacle est très épuré, j’ai demandé à Pascal Laajili un gros travail sur les lumières et à Laurent Mercier des costumes minimalistes.
J’ai conservé un langage corporel particulier où les personnages expriment toutes les émotions qui ne sont pas chantées et la présence de l’eau sur scène.
Quel est ce langage que vous avez chorégraphié ?
Celui qui permet en une heure dix d’exprimer toutes les émotions que suscite l’amour. J’ai expliqué à mes danseurs que pour moi, tout part du ventre, du plexus, des tripes. À chaque nouveau projet, j’ai une idée très précise. Je la dessine, mes danseurs sont mes pinceaux.
Vous avez fondé votre compagnie il y a trente-deux ans. Quels sont aujourd’hui les danseurs qui vous accompagnent ?
Il y a trois générations. Certains me suivent depuis le début et font partie de la famille, d’autres me rejoignent. Tous sont intermittents et dansent avec d’autres compagnies ce qui fait que chacun a quelque chose à apporter. Je les fais beaucoup travailler à partir de l’improvisation. Rien n’est figé et chaque nouveau projet qui nous réunit est unique.
Tous mes danseurs sont intermittents et dansent avec d’autres compagnies ce qui fait que chacun a quelque chose à apporter.
Quel est votre nouveau défi ?
Je travaille avec l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique-musique) sur un spectacle utilisant la réalité mixte qui n’est pas encore utilisée dans le spectacle vivant. Elle permet au spectateur d’enrichir son regard en chaussant ou non un casque de réalité virtuelle. Nous développons l’équipement comme nous le fîmes pour « Robot ! » ou « Le bal de Paris ».
Qu’est-ce qui vous motive dans la technologie ?
L’utiliser pour faire quelque chose où le public n’a aucune expérience.
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