C’est une femme entière, pétrie de sincérité et d’empathie, à la fois pédago et exigeante, d’une écoute attentive et à la parole précieuse. Ces louanges ne relèvent pas d’une flagornerie complaisante, mais découlent de plus de trois années d’amitié entre l’auteur de ces lignes et l’intéressée, trois années jonchées d’autant de joies que de drames. La vie, quoi ! La première rencontre s’est déroulée tandis qu’elle chorégraphiait « Charlie et la chocolaterie », mis en scène par Philippe Hersen au théâtre du Gymnase (Paris, Xe).
C’était à la rentrée 2020, période étrange parce que située entre deux confinements, où ça parlait couvre-feux et fermeture potentielle des salles de spectacle. Cécile Chaduteau ne s’en mortifiait pas pour autant, persuadée que le meilleur était à venir même si « on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve », phrase fétiche pilotant sa philosophie de vie. À la retrouver aujourd’hui coach de la Star Academy, force est de constater qu’elle avait raison.
« J’ai quatre vies en une ! » s’exclame-t-elle quand, étonné, on apprend qu’entre sa carrière de danseuse et celle de chorégraphe, elle a sorti un album « très dance » au tout début des années 1990, « Cecil », assorti d’un clip réalisé par Gérard Pullicino – sur le titre « A horse with no name » composé par Renaud Hantson dont elle était une des choristes. De la même manière qu’elle a également accompagné France Gall (avec qui elle était très intime) ou Johnny Hallyday… Ou qu’elle a dansé devant Rudolf Noureev comme elle nous le raconte dans son « Histoire de »…
Un CV prestigieux
Cécile Chaduteau est un puits sans fond d’anecdotes qui, mises bout à bout, dresse un parcours d’une impressionnante richesse artistique et humaine. Elle ne s’en enorgueillit pas. Au contraire. Il faut la bombarder de questions et les répéter encore et encore pour qu’elle lève le voile sur son prestigieux cv et les grands noms qui le jalonnent. Elle sait à peine marcher que sa mère, pianiste, la met sur des pointes. Adolescente, elle gagne le premier prix du Conservatoire national supérieur de Paris, puis celui du Conservatoire international de Lausanne. Elle intègre ensuite le corps de ballet de l’Opéra de Paris, avant de rejoindre le Ballet royal de Flandres où elle tient des rôles de soliste sous la houlette du déjà cité Rudolf Noureev ou Maurice Béjart. Maurice Béjart justement, qui disait : « La danse n’a plus rien à raconter, elle a beaucoup à dire. ». Un commentaire, Cécile ? « La danse est avant tout une expression corporelle. Par le corps, on raconte une histoire. Béjart voulait amener la danse à l’école. Il est mort avant d’avoir pu réussir. Je voudrais accomplir son souhait. J’ai même rencontré quelqu’un du Ministère de l’Éducation nationale, juste avant le covid. Ils étaient très intéressés. Il est essentiel pour les jeunes d’accepter son enveloppe, comprendre son corps, accepter l’autre. Le pire, c’est le regard des autres, et le regard sur soi-même est encore plus dur. Quand on travaille le corps, on a une confiance qui vient. On apprend à ne pas être en guerre contre son corps. »
Voilà. C’est ça, Cécile Chaduteau. Elle pourrait se mettre en valeur, rappeler qu’elle connait la Star Academy comme sa poche pour y avoir dansé sous la direction de Kamel Ouali dont elle était aussi l’assistante, dire qu’elle a également tâté de la mise en scène aux côtés de Robert Hossein, parler de Patrick Bruel, Sylvie Vartan ou Serge Lama avec qui elle a travaillé, mais non. Seul transmettre lui importe.
Elle n’est pas là pour materner les jeunes académiciens
Mais attention ! Aussi douce soit-elle, elle est intransigeante rapport au boulot. Elle n’est pas là pour materner les jeunes académiciens, mais révéler le meilleur d’eux-mêmes. « Ma méthode, c’est une main de fer dans un gant de velours, explique-t-elle. La force tranquille. Les mots résonnent et peuvent faire des dégâts. On n’est pas là pour les casser, mais les faire éclore. » Et quand, lors des primes, les élèves transcendent ce qu’ils ont appris au Château, il n’est pas rare que la coach laisse échapper des larmes. « C’est ma matière, l’émotion. Si je ne suis pas touchée, je dois changer de métier. Cela dit, si je suis déçue par une prestation, ça se voit aussi. ». Pour elle, le secret de la réussite professionnelle passe par l’épanouissement personnel, lequel dépend de l’amour qu’on se porte à soi-même. Et elle, elle s’aime ? « J’ai appris à m’aimer. Cela ne vient pas tout seul, surtout quand on se prend des claques amoureuses ou amicales. Mais pour aimer les autres, il faut s’aimer soi-même. » Ça, elle l’a appris avec des coachs. Mais oui ! Cécile Chaduteau a eu plusieurs coachs en développement personnel !
Un single de Cécile Chaduteau © DR
« C’était important à une période de ma vie, il y a quelques années. » Une petite dizaine, plus précisément. Quand sa fille, Kim Melville, du haut de ses 14 ans, lui fait découvrir un coach sur Internet. « Kim m’aide comme je l’aide. Je suis si fière d’elle. Elle a 23 ans et c’est une personne magnifique, à l’intérieur comme à l’extérieur. » Pour info, Kim Melville est chanteuse, tendance rock, et s’est déjà produite avec ses musiciens à La Cigale et même à l’Olympia (pour les 120 ans d’Harley Davidson). De la graine de star. Sa maman ne rate évidemment aucun de ses concerts. De la même manière que Kim ne manque jamais une occasion d’aller applaudir le travail de sa mère, comme récemment au théâtre de l’Alhambra (Paris, Xe) où se joue encore pour les fêtes « Holidays », spectacle musical construit autour des tubes de Madonna et chorégraphié par Cécile Chaduteau. Un show où l’on peut entendre ces paroles de « Vogue » : « Beauty’s where you find it / Not just where you bump and grind it / Soul is in the musical / That’s where I feel so beautiful / Magical, life’s a ball / So get up on the dance floor ». Tout est dit.
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