Les fumigènes sont-ils en train de devenir le meilleur faux ami des productions contemporaines ? Au théâtre comme sur les plateaux de danse, donner une gueule d’atmosphère en soufflant sur le mystère, opacifier le propos au cas où il manquerait de substance, noyer le poisson dans des vagues de flou, bref, tout est bon pour activer la machine à fumée.
Le programme de rentrée du ballet de l’Opéra national de Paris n’échappe pas à cette bouffée pyrotechnique. Sur les trois pièces courtes présentées, samedi 23 septembre, dont la reprise à succès de The Seasons’ Canon (2016), de la Canadienne Crystal Pite, les deux créations, chorégraphiées par Marion Motin et par l’artiste chinoise Xie Xin, libèrent des nappes de brouillard propices sans doute à accentuer leur démonstration. La première joue la carte urbaine et sépulcrale dans The Last Call, tandis que la seconde ouvre les vannes de cascades brumeuses pour Horizon.
Cette triplette féminine, dont le motif commun pourrait être le sens du groupe et des unissons, décline un menu « sucres rapides », sans surprise, encore moins d’aspérités. Marion Motin affirme sa couleur « ballet-show » avec seize danseurs distribués en lignes nettes somptueusement rythmées par des lumières au laser. Autour d’une cabine téléphonique porteuse d’une mauvaise nouvelle, comme le titre The Last Call le précise, cette personnalité repérée pour ses collaborations avec Stromae (sept clips) ou France Gall enroule une fable existentielle sur un vivant (Alexandre Boccara) et la mort (Axel Ibot).
Si le héros s’étrangle d’emblée avec le cordon téléphonique à l’ancienne en laissant peu de place à un quelconque suspense, la faiblesse de l’écriture ne prend malheureusement pas le relais d’un récit où tout est dit. Entre danse de castagne et coups de bassin clubbing, la musique suggestive de Micka Luna a beau pulser, les costumes multicolores en latex en mettre plein la vue, le savoir-faire de Marion Motin ne sauve pas cette production au ton convenu et commercial.
Une apocalypse annoncée
Dans un registre plus intemporel, plus sculpté, Horizon, de Xie Xin, qui a fondé sa compagnie en 2014 à Shanghaï après un parcours d’interprète notamment auprès de Sidi Larbi Cherkaoui, étire un ruban gestuel continu. Dans des costumes en tulle moiré, les neuf danseurs prennent vie, se redressent et s’affalent dans un roulis de formes qui se génèrent les unes des autres.
Soufflé par les sons planants de Sylvian Wang, le fantasme d’un monde sans frontières entre la nature et l’humain qui se dissout puis renaît se faufile entre les volutes de fumée. Le flux calligraphique de Xie Xin, sous influence des techniques contemporaines et chinoises, tourne (trop) rond dans cette chorégraphie du cycle au kilomètre, par ailleurs impeccablement menée par le groupe.
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