80 ans de la Libération de Paris : « Une commémoration festive et populaire

, 80 ans de la Libération de Paris : « Une commémoration festive et populaire

La Croix : Comment va se dérouler la journée de commémoration de la Libération de Paris, dont vous signez la mise en scène, samedi 24 août ?

Mohamed El Khatib : À partir de 17 heures samedi, un cortège s’élancera des arènes de Lutèce vers l’hôtel de ville de Paris. Une quinzaine de fanfares se succéderont, dont une espagnole, en hommage aux combattants de la Nueve, les premiers à entrer dans la capitale au soir du 24 août 1944. Elles parviendront ensemble sur le parvis de la mairie de Paris, où un orchestre éphémère, constitué de 150 amateurs parisiens qui répètent depuis le mois de janvier dernier, revisitera la marche de la 2e DB.

Toutes ces fanfares feront revivre le répertoire militaire, en y ajoutant les influences musicales des Alliés, notamment américaines, dans une version funk. Le travail sur les partitions a eu pour but de réactualiser ce patrimoine musical pour faire de cette commémoration un événement festif et populaire. Puis, à 21 heures, toutes les cloches de la capitale retentiront, comme en 1944. Un souvenir intense pour les témoins que nous avons rencontrés.

La soirée se prolongera par la projection du film que vous avez réalisé à partir d’une cinquantaine de ces témoignages. Comment avez-vous procédé pour les recueillir ?

M. E. K. : Nous avons retrouvé une partie des témoins avec mon équipe, lancé des appels grâce à la ville de Paris, bénéficié de l’aide du Comité parisien de la Libération et de l’association 24 août 1944-La Nueve. Enfin, nous nous sommes fondés sur les archives du Musée de la Libération de Paris. Ces témoins évoquent leur vie sous l’Occupation et la semaine où Paris a été libéré. Nous les avons rencontrés chez eux, ce qui permettait parfois d’accéder à leurs archives personnelles.

Ils étaient enfants, adolescents ou jeunes adultes alors. Certains résistants, d’autres militaires. Des figures, comme Madeleine Riffaud et Edgar Morin, ou des anonymes qui ont souvent pris des risques et dont beaucoup s’expriment pour la première fois. Tous les noms ne sont mentionnés qu’à la fin pour qu’il n’y ait pas de distinction entre eux. C’est une parole chorale et intime, rarement donnée, au-delà de ce que l’on sait des stratégies politiques ou de la cartographie des barricades.

Le dernier témoin dans le film entonne la chanson Les Fleurs de Paris, qui sera reprise samedi en direct par le groupe Melotronic pour lancer la dernière partie de la soirée : un concert et un grand bal populaire. Le chant et la danse, c’est un autre motif récurrent dans les souvenirs de 1944. J’ai conçu cette séquence comme un passage de flambeau entre ces derniers témoins et les jeunes générations.

Est-ce ce souci de transmission qui vous a poussé à accepter de concevoir cette cérémonie ?

M. E. K. : Je suis allé à la rencontre des témoins sans aucun a priori et sans savoir du tout à quoi m’attendre. J’avais jusqu’alors un rapport assez distancé aux fêtes commémoratives, auxquelles je reprochais souvent leur manque d’incarnation, de vivant. Je voulais une cérémonie qui soit fidèle aux témoins mais intéresse aussi les jeunes générations. Que nous nous sentions tous porteurs de cette histoire.

Le contexte politique a aussi joué. Beaucoup de témoins nous ont dit avoir vécu de manière assez violente le retour possible de l’extrême droite au pouvoir et ont lancé un appel aux jeunes générations, comme l’exprime Edgar Morin (c’est l’une des trois capsules du film qui sera rediffusée dimanche à Denfert-Rochereau, lors des discours de la maire de Paris et du président de la République, puis sur France 2). Un appel à la vigilance et à de nouvelles résistances, à partir de la mémoire de ce moment où le peuple parisien s’est émancipé.

Comment cette cérémonie mémorielle s’inscrit-elle dans votre travail ?

M. E. K. : En 2023, avec l’installation « Renault 12 » au Mucem, je retraçais le voyage de milliers de familles maghrébines, des années 1970 aux années 1990. J’ai voulu prolonger ce travail sur l’histoire, cette fois sur un moment de libération, une résurgence de la Commune de Paris, un temps mythique où le peuple français a fait preuve d’audace. Sans éluder pour autant que, trois semaines auparavant, les mêmes Parisiens accueillaient le maréchal Pétain. Sans éluder l’invisibilité des troupes noires dans le défilé des Champs-Élysées, ou encore les femmes tondues.

80 ans de la Libération de Paris : « Une commémoration festive et populaire »

La maire de Paris, Anne Hidalgo, m’ayant donné carte blanche, je me suis laissé complètement guider par les rencontres avec les témoins. J’étais comme un étranger de passage auquel on confie des souvenirs avec une grande liberté. Parfois, un membre de la famille, un petit-fils par exemple, était présent et les entendait pour la première fois. Ce sont ces moments de transmission familiale que je souhaite aussi restituer.

Ces témoignages sont livrés bruts, sans regard historique. Pourquoi ?

M. E. K. : Je voulais faire un film de célébration, fédérateur, qui produise de l’exaltation, même si j’ai travaillé en lien avec l’historien Patrick Boucheron et la directrice du Musée de la Libération de Paris, Sylvie Zaidman. Dans un second temps, l’année prochaine, nous monterons un film documentaire plus long où nous confronterons la parole intime des témoins avec le travail des historiens. C’est ce va-et-vient qui m’intéresse, entre le travail d’archives et l’incarnation, et c’est ce qui me plaît dans le spectacle vivant.

Justement, vous avez souvent créé vos spectacles à partir d’un recueil de témoignages (comme La Vie secrète des vieux au dernier Festival d’Avignon). Celui-là sera-t-il aussi porté sur scène ?

M. E. K. : Oui, en juillet 2026 si tout va bien ! Je vais cosigner avec Patrick Boucheron un son et lumière sur l’histoire de France, qui sera projeté au château de Chambord. La Libération de Paris et la Résistance en seront l’un des chapitres. Cette fresque partira de la Renaissance et évoquera toutes les périodes de renaissance qu’a connues notre pays, du Moyen Âge à aujourd’hui.

Le château de Chambord a été le théâtre du premier son et lumière en 1952, dont la musique était composée par Maurice Jarre – le même dont les trompettes ouvrent encore le festival d’Avignon. C’était donc une évidence de choisir ce lieu. Cette forme un peu désuète, souvent méprisée mais très populaire, tout comme la pratique de la reconstitution historique, nous allons les revisiter. Pour proposer au plus grand nombre un récit de l’histoire de France qui ne soit pas austère et morbide, mais progressiste et joyeux.

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